La peur est traditionnellement comprise comme une « émotion fondamentale » ; en cette formule obscure on entend communément la peur comme une conséquence psycho-physiologique d'un stimulus objectif. La peur se voit ainsi définie en sa périphérie causaliste. Dès lors, l'antienne définitionnelle ne parvient jamais (ni ne cherche) à la cerner en sa phénoménalité. C'est en cette aporie que le présent travail s'insère. En outre, précisément, ladite aporie hante la philosophie durandienne (Durand, 1960) faisant de la peur à la fois une conséquence du temps ennemi et un profond et essentiel dynamisme de l'imaginaire. L'imaginaire trouverait ainsi son essence dans l'extériorité du monde perdant ainsi sa marque transcendantale. Toutefois, en s'affranchissant de la théorie ordinaire de la peur, en tentant de la comprendre en sa phénoménalité, et pour cela en s'appuyant sur la profonde réflexion henryenne dévoilant l'affectivité comme Essence de la Manifestation (Henry, 1963), il paraît possible d'enrayer cette progressive aliénation de l'imaginaire. L'affectivité, et conséquemment la peur, comprises comme cette essence transcendantale, l'imaginaire dynamisé par elles retrouve un ancrage éidétique stable. Ce dynamisme aux pieds ancrés dans la transcendantalité et aux mains qui façonnent structurellement les constellations d'images, c'est le schème ; non plus ce schème qui se perdait dans les mystères du réflexe, de l'instinct, de la pulsion, etc. mais ce schème issu du plus essentiel des savoirs – le savoir affectif immanent de soi : le schème est affectif, il est la transcendance affective qui de l'affectivité structure l'imaginaire, manifeste le monde. En empruntant les voies de la phénoménologie bachelardienne, ce schème affectif – ici anxiologique – peut être retrouvé. Nous verrons qu'il est double – pénétrant et constricteur – et qu'il se joue sur différentes voix (passive, intermédiaire, active). Afin de montrer l'étendue et l'efficace de cette schématique mais également afin de répondre aux exigences contextuelles qui portent le présent travail (partenariat avec le Commissariat à l'Énergie Atomique de Grenoble), nous parcourrons l'imaginaire anxiologique de la technologie RadioFrequency Identification (RFID). Loin de n'être qu'un simple et froid agrégat de silice permettant de nouvelles données et de nouveaux flux informationnels, la RFID est un produit technique, est un produit humain. Comme tel, elle n'a de réalité et de possibilité que sur le fonds anthropologique duquel elle émerge. Et ce fonds regorge d'yeux, de crocs et de venins pénétrants, de mains, de toiles et de filets constricteurs. / L'auteur n'a pas fourni de résumé en anglais.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2011GRENL010 |
Date | 21 September 2011 |
Creators | Schunadel, Nicolas |
Contributors | Grenoble, Walter, Philippe |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
Page generated in 0.0019 seconds