Savons-nous ce qu’est le rire ? Sous la pratique ordinaire de portée infinitésimale, quels mécanismes et quels usages, quels affects et quels plaisirs, justifient l’éclairage des outils des sciences sociales ? Pour répondre à ces questions, ce projet de thèse prend appui sur une sociologie de la réception culturelle des arts comiques : il entreprend de comprendre le rire à la croisée du comique et du rieur. Deux types de matériaux sont utilisés et interprétés : le premier provient d’une enquête quantitative menée auprès de 210 enquêtés ; le second convoque 36 rieurs singuliers pour des entretiens approfondis. Dans les deux cas, les enquêtés appartiennent à toutes les classes sociales et cette diversité sociologique fait apparaître l’impossibilité d’attribuer au rire une signification sociale ou politique univoque. L’éclat du rire trouve alors son explication dans le temps long d’une biographie sociologique finement reconstituée. Adossé à ces deux terrains, ce travail met en regard des schèmes narratifs comiques, extraits des oeuvres culturelles dépouillées de leurs caractérisations littéraires ; et des types d’expériences sociales fondamentales vécues par les rieurs.Le rire fonctionne comme un signe qui vaut pour autre chose que lui-même : il manifeste la reconnaissance à pic d’expériences passées qui sont souvent liées aux grandes étapes initiatiques de l’existence sociale et qui ont pu demeurer dans le rieur sous la forme de dispositions à rire : l’apprentissage de la marche et de la bipédie ; l’intériorisation des grands savoir-faire civilisationnels ; l’affectation par les pouvoirs, qu’ils soient petits ou grands ; la formation politique des relations avec les autres ; etc. Par ailleurs, si le rire est bien un signe, il est inclus dans une communication de groupe : c’est un acte de catégorisation qui se greffe sur les fractures les plus fines du corps social et qui, en retour, contribue à les figer ou au contraire à les déstabiliser. Cette dimension pragmatique du rire invite à réévaluer la fonction de socialisation des oeuvres et le rôle majeur de la stéréotypie comique dans la compréhension du social par le rieur. Enfin, le rire n’est pas un affect unanimitaire, mécaniquement extorqué chez tous par le développement sans précédent des industries du divertissement : il faut également y voir une stratégie de positionnement culturel qui s’agence jusque dans le grain le plus fin de l’existence sociale et son caractère d’événementialité. / Do we know what laugh is ? Under the ordinary practice of infinitesimal range, what mechanisms and what uses, what affects and what pleasures, justify the lighting of the tools of social sciences ? To answer these questions, this PhD research takes support on a sociology of the cultural reception of comic arts : it undertakes to include the laugh at the crossroads of the comic arts and of the laughing person. Two types of materials are used and interpreted : the first one comes from a quantitative inquiry led to 210 respondents ; the second one calls 36 singular persons for deepened discussions. In both cases, the investigating belong to all social classes and this sociological diversity shows the impossibility of allocating in the laughter an univocal social or political signification. Then the burst of laughter finds its explanation in the long time of a painstaking sociology of socialization. Based on these two fields, this work compares the comic narrative schemas, shed from his literary features ; and the types of fundamental social experiments lived by the persons who laugh. The laughter is a sign which is worth for something else than itself : he demonstrates recognition sheer of past experiences which are often linked to big initiatory stages of social existence and that could reside in the laughing person in the form of dispositions to laugh : the learning of the walk ; the internalization of big civilisationnels know-how ; affectation by powers, small or big ; the development of political relations with others ; etc. Moreover, if the laughter is well a sign, he is included in a communication of group : it is an act of categorisation that comes along on top of the finest fractures of the society and that, in return, contributes to congeal them or on the contrary to destabilise them. This pragmatic dimension of the laughter invites to revalue the function of socialisation of writings and the major role of the comic stereotypy in the understanding of the social by the laughing person. Finally, the laughter is not an affect unanimous, mechanically extorted to all by the unsurpassed development of the industries of entertainment : it is also necessary to see for it a strategy of cultural distinction.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2016LYSE2129 |
Date | 28 November 2016 |
Creators | Flandrin, Laure |
Contributors | Lyon, Lahire, Bernard |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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