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L'héritage transgénérationnel à l'épreuve du vieillissement : a propos des descendants des survivants du génocide arménien / The transgenerational legacy put to the test of the ageing-induced traumas : on the subject of the descendants of those who survived the Armenian genocide

Pour les descendants des survivants du génocide arménien de 1915, les traumatismes actuels, liés à la confrontation aux épreuves du vieillissement et à l’hospitalisation, ont un effet attracteur des traumatismes transgénérationnels. Ces traumatismes génocidaires non subjectivés, transmis au travers des générations, tentent de prendre forme et sens, trouvant dans le présent du vieillissement une « correspondance hallucinatoire » (après-coup). Ces patients ont en commun d’avoir vécu une accumulation de traumas au cours de leurs vies : le deuil, la dépendance, la passivation, la crainte de mourir, rencontrés aujourd’hui, ont déjà fait partie de leur histoire individuelle et ont déjà induit dans le passé d’autres après-coups des traumatismes transgénérationnels. À l’heure du vieillissement, dans la psyché du patient, on assiste à un processus de « feuilletage traumatique », où les différents temps traumatiques présents, passés et transgénérationnels, résonnent et s’intriquent. Les entretiens cliniques sont l’occasion pour ces sujets de retrouver et de partager les mythes familiaux dont ils sont porteurs : en appui sur cet héritage mythique, ce feuilletage peut se « dé-collapser », la psyché réussissant alors à s’approprier l’expérience traumatique qui s’inscrit dans une histoire. Du feuilletage traumatique, d’abord inerte, peuvent advenir des remaniements psychiques remobilisés par la fonction transformatrice du mythe. Dans d’autres cas, les mythes familiaux ont, dans la psyché, une fonction davantage protectrice que transformatrice et le travail thérapeutique consiste à ranimer ce mythe figé, pour le réinscrire dans un mouvement dynamique. Ailleurs, on assiste aux efforts du sujet pour créer un mythe, à défaut de pouvoir en retrouver dans la mémoire. Les transferts parentaux et filiaux permettent de remettre au travail et de relancer, dans la relation thérapeutique, la transmission entre les générations. Les patients peuvent ainsi redonner vie, retrouver du sens à leur fin de vie et continuer à s’inscrire dans une « co-transmission » avec leur descendance. / For the descendants of the survivors of the 1915 Armenian genocide, the current traumas connected with the painful experience of ageing and hospital care have a drawing power on transgenerational trauma. Such traumas, passed on through generations, attempt to take shape finding a “hallucinatory correspondence” in the present ageing experience (deferred action). These subjects share the common experience of superposition of traumas that they have gone through all along their lives: bereavement, dependence, the constraint passivity, the fear of death, which are confronted with today, have already been part of their individual history and have already induced, in the past, other deferred actions ascribable to transgenerational traumas. When comes the time of ageing, in the patient’s psyche, we witness a process of “traumatic superposition” whereby the interplay of various traumatic times-present, past, and transgenerational resonate and become closely enmeshed. Psychological interviews conducted by the practitioner provide such subjects with the opportunity to revisit and to share the family myths which they carry within themselves. Relying on this mythical legacy, the superposition may “de-collapse itself”, the psyche succeeding in appropriating the traumatic experience that lies within the scope of a history. From the traumatic superposition, which is initially inert, there can happen psychic reorganisations which are mobilized anew by the transforming function of the myth. In other cases, family myths have within the psyche, a function more protective than transforming and the therapy consists in reviving this frozen myth in order to place it again within the frame of a dynamic movement. In other cases, what we may observe is the subject’s endeavour to create myth of his or her own for lack of being able to trace it backing his or her memory. Parental or filial transference makes it possible to start up and to stimulate again the transmission between generations within the therapeutic relationship. So doing, the patients can restore life; give back significance to the end of their lives and keep in line with a co-transmission with their descendants.

Identiferoai:union.ndltd.org:theses.fr/2015LYO20141
Date19 December 2015
CreatorsFeuillet, Marie
ContributorsLyon 2, Chouvier, Bernard
Source SetsDépôt national des thèses électroniques françaises
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeElectronic Thesis or Dissertation, Text

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