Cadet sans terre d’une famille paysanne des Hautes-Alpes, Martin Bertrand (1915-2008) échappe au séminaire en s’engageant dans la garde républicaine mobile qui le conduira à Casablanca, au Maroc, où il sera stationné dès 1941. Mobilisé en 1943 à la suite du débarquement des Alliés en Afrique du Nord, il est affecté à l’encadrement d’une unité coloniale marocaine. Avec « ses » tirailleurs, il participe à la campagne d’Italie, au débarquement en Provence, à la libération de l’Alsace et à l’occupation de l’Allemagne. Après avoir regagné le Maroc pour quelques années, son bataillon est déployé de 1949 à 1951 à Tourane, en Indochine, où l’administration coloniale française tente de reprendre le contrôle de la région. Durant chacune de ses longues absences, Martin Bertrand écrira quasi quotidiennement à son épouse, Hélène, originaire d’une famille de colons espagnols installés en Algérie. Par l’analyse de cette correspondance, ce mémoire de maîtrise propose d’intégrer l’expérience de Martin Bertrand, sous-officier d’un régiment colonial, au sein d’une histoire impériale plus large; celle d’une France qui mène ses troupes au front de ses dernières guerres coloniales et qui déstabilise, dans ce processus, l’ordre qui régit la fonction et la position de chaque soldat. Ainsi, en faisant parler les mots intimes de Martin Bertrand au prisme du contenu de sources plus officielles, telles que les rapports militaires sur le moral des hommes, ce mémoire rend compte à la fois de la complexité des hiérarchies sociales et raciales qui établissent les rapports entre les sous-officiers français et la troupe « indigène » tout autant qu’il explore les questionnements identitaires plus personnels d’un petit cadre. / Deprived of his land inheritance like many youngest-born of peasant descent, Martin Bertrand (1915-2008) eventually fled life as a seminarian in the French High-Alps by enlisting in the Mobile Guard and then being stationed in Casablanca, Morocco in 1941. Following the Anglo–American invasion of French North Africa, he was drafted in 1943 to lead a Moroccan colonial recruit unit. With “his” tirailleurs, he took part in the Italian campaign, the Provence landing, the liberation of Alsace, and the occupation of Germany. After the War, he returned to Morocco only to be deployed 3 years later with the same battalion to Tourane, Indochina where the French colonial administration attempted to retake control of the region. During each one of his long absences, Martin Bertrand wrote almost daily to his wife Hélène, descendent of Spanish settlers established in Algeria. By analyzing these letters, this master’s thesis proposes to integrate Martin Bertrand’s experiences, in his functions as a non-commissioned officer in a colonial regiment, into a broader imperial story where France led her armies through her last colonial wars and destabilized the colonial order under which each soldier was governed. Furthermore, this study compares Martin Bertrand’s private letters with more official sources like troop morale reports which allows for an analysis of the complex social and ethnic hierarchies between French non-commissioned officers and “indigenous” troops. At the same time, it explores the deeper questionings of a military intermediary’s self-identity.
Identifer | oai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/23458 |
Date | 08 1900 |
Creators | Dehouck, Jacques |
Contributors | Hamzah, Dyala, Monnais, Laurence |
Source Sets | Université de Montréal |
Language | fra |
Detected Language | French |
Type | Thèse ou mémoire / Thesis or Dissertation |
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