Les différences entre les voix de femmes et d'hommes relèvent de problématiques complexes et pluridisciplinaires. Le travail de recherche présenté ici traite des aspects phonétiques et psycholinguistiques de ces différences inter-genres. Le premier chapitre est consacré à une revue de la littérature du domaine. Les différences acoustiques ainsi que leur origine sont abordées, de même que le processus d'identification du genre par la voix chez les auditeurs et les conséquences psycholinguistiques de ces différences acoustiques inter-genres. L'ensemble de ces études sont présentées de manière critique et des perspectives de recherche sont évoquées. Le deuxième chapitre présente une analyse acoustique de (pseudo-)mots dissyllabiques produits par des locuteurs anglophones du nord-est des Etats-Unis et des francophones parisiens. Les fréquences de résonance, le F0 moyen, la plage de variation de F0, le VOT, la différence d'intensité H1-H2 ainsi que la durée des énoncés ont été mesurés. Des différences inter-genres significatives ont été observées dans les deux langues sur chacun des paramètres testés. D'autre part, d'importantes variations inter-langues ont été constatées pour la plage de variation de F0, les formants vocaliques et la différence H1-H2. Ces résultats suggèrent que les différences acoustiques hommes-femmes sont en partie dépendantes de la langue. Les enregistrements analysés ont ensuite été utilisés dans le cadre d'une expérience d'identification du genre par la voix. Cette dernière a été menée conjointement sur des auditeurs francophones parisiens avec les stimuli français, et sur des auditeurs anglophones américains avec les stimuli anglais. Les auditeurs avaient pour tâche d'identifier le genre du locuteur ayant produit le stimulus et d'indiquer leur degré de certitude. Chez les locuteurs des deux langues, les pourcentages de bonnes réponses sont significativement supérieurs au seuil de chance dès la présentation d'une consonne sourde initiale de mot et la présentation d'une voyelle initiale suffit pour obtenir des scores proches des 100 %. On constate par ailleurs que les paramètres acoustiques n'ont pas influencé de la même manière les auditeurs des deux langues. Ainsi, le F0 moyen et la qualité de voix (H1-H2) semblent avoir plus fortement influencé les auditeurs anglophones que les francophones, à l'inverse de la fréquence des formants vocaliques et de la plage de variation de F0. Le quatrième et dernier chapitre est consacré à une expérience de détection de mots, réalisée auprès d'auditeurs francophones. Le but de cette expérience est de tester le temps de réponse des participants en fonction du genre du locuteur ayant produit le mot-cible. Les résultats suggèrent que les voix d'hommes et de femmes sont traitées par l'auditeur à vitesse équivalente, mais néanmoins comme deux entités différentes. D'autre part, aucune corrélation significative entre la fréquence fondamentale moyenne du mot-cible et le temps de réponse des auditeurs n'a pu être mise en évidence. En conclusion, il apparaît que les différences acoustiques inter-genres tout comme le processus d'identification du genre par la voix sont fortement dépendants de la langue et donc construits socialement. Des perspectives de recherche et des applications pratiques sont proposées.
Identifer | oai:union.ndltd.org:CCSD/oai:tel.archives-ouvertes.fr:tel-00821462 |
Date | 03 April 2013 |
Creators | Pépiot, Erwan |
Publisher | Université Paris VIII Vincennes-Saint Denis |
Source Sets | CCSD theses-EN-ligne, France |
Language | fra |
Detected Language | French |
Type | PhD thesis |
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