La " trilogie du Chiapas ", constituée par deux romans Balún Canán (1957), Oficio de tinieblas (1962) et un recueil de nouvelles Ciudad Real (1960) illustre l'affrontement entre les dominants blancs, héritiers de la Conquête espagnole et les dominés, les Indiens, dépossédés de leurs terres ancestrales. Aux yeux de la critique littéraire pratiquement unanime, Rosario Castellanos (1925-1974) donne une vision de l'Indien " de l'intérieur " très novatrice dans le courant littéraire indigéniste. Selon cette perspective, la trilogie apparaît comme un hymne à la parole indigène en lutte contre le silence et l'oubli. Notre travail effectue une nouvelle lecture qui interroge l'ambiguïté constitutive de la trilogie, comme preuve non pas de l'adéquation, mais de la fracture existante entre l'univers indigène et sa représentation littéraire. En confrontant l'histoire du Chiapas, la réalité ethnologique des Tzotzil-Tzeltal, la place de Rosario Castellanos au sein de l'indigénisme mexicain des années cinquante et sa production littéraire, nous démontrons que l'auteure offre une vision ethnocentrique de l'Indien qui véhicule l'idéologie indigéniste officielle. Les stratégies narratives mises en place par le recours à une perspective ethnique fictive, aux intertextes indigènes, aux mythes d'apparence maya ne servent pas à valoriser la culture indienne. Rosario Castellanos ne parvient pas à (re)connaître l'Indien dans son altérité, car, par delà sa dénonciation des injustices sociales, elle engage avant tout une réflexion sur l'intégration de l'Indien à la nation mexicaine et sur sa nécessaire acculturation.
Identifer | oai:union.ndltd.org:CCSD/oai:tel.archives-ouvertes.fr:tel-00596305 |
Date | 06 July 2010 |
Creators | Ruiz, Virginie |
Publisher | Université du Sud Toulon Var |
Source Sets | CCSD theses-EN-ligne, France |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | PhD thesis |
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