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Le peuple crucifié, porteur d'une sotériologie historique : comment ce peuple, en portant les péchés du monde, devient sacrement du salut

Le peuple crucifé en portant les péchés du monde peut-il devenir sacrement historique du salut ? À partir de l'expérience de foi ; de la rencontre de Dieu dans la pauvreté ; de la partialité du royaume de Dieu qui s'est fait proche des pauvres ; d'une foi réalisée dans la suite de Jésus, célébrée liturgiquement, vécue communautairement et en même temps réfléchie et pensée, on a pu découvrir dans la théologie latino-américaine de la libération que le salut apporté par Jésus-Christ passe actuellement par les peuples crucifiés. La théologie latino-américaine de la libération reconnaît que c'est à travers ces peuples pauvres, crucifiés que Jésus crucifié se fait présent dans l'historie. C'est en suivant Jésus, en poursuivant la cause ultime de Dieu, c'est-à-dire le royaume de Dieu, que ces peuples incorporeront à l'histoire, de manière sacrementelle, la présence du Christ : c'est ainsi que la vie, le message, l'annonce et la praxis de Jésus-Christ prendront chair dans l'histoire humaine. Dans le contexte de la réflexion christologique latino-américaine, c'est le théologien basque, jésuite, Jon Sobrino qui travaille la catégorie de peuple crucifié et la sotériologie historique qu'il porte, en poursuivant une réflexion déjà commencée par Ignacio Ellacuria. La pensée sobrinienne traverse cette thèse. Jon Sobrino affirme que le peuple crucifié est la continuité historique du serviteur souffrant de Yahvé, figure qui apparaît dans les quatre chants du prophète Isaïe : le peuple crucifié ressemble au serviteur souffrant de Yahvé dans sa réalité de victime et dans son mystère salvifique. Le peuple crucifié est celui qui d'une manière sacramentelle rend présent Jésus-Christ dans l'histoire : il est. l'un des continuateurs de l'œuvre salutaire de Jésus-Christ, du Fils. Tenant compte de cette continuité et ressemblance entre le peuple crucifié- serviteur souffrant et Jésus crucifié, Sobrino affirme qu'en portant les péchés du monde le peuple crucifié devient porteur d'une sotériologie historique. Comment comprendre cette affirmation de telle manière que ne se produise pas une manipulation des croix historiques qui justifierait des lectures sacrificielles et doloristes? La thèse veut répondre à cette question. Elle a pour but de présenter comment le peuple crucifié en portant les péchés du monde devient sacrement historique du salut. L'interprétation sera faite à partir d'une catégorie qui a conduit à un renouvellement dans le domaine christologique et sotériologique contemporain : la pro-existence. Cette catégorie nous permettra de mieux comprendre la totalité du mystère salvifique présent dans les peuples crucifiés, en liant la mort et la croix à une existence vécue pour-les autres, dans un amour sans limite. Cet amour s'exprime dans une radicale obéissance et fidélité au projet salvifique de Dieu, à sa cause ultime : le royaume. La sotériologie historique que porte le peuple crucifié ne peut pas se comprendre sans une existence-pour, pour l'amour des hommes et hors d'une obéissance à la volonté dernière de Dieu. La continuité entre la mort pour nous, la crucifixion et l'existence pour nous, pour-les-autres, notamment pour les plus pauvres, et pour l'Autre, le Dieu du royaume, est donc un élément fondamental pour bien saissir le sens de cette sotériologie historique que porte le peuple crucifié.

Identiferoai:union.ndltd.org:LAVAL/oai:corpus.ulaval.ca:20.500.11794/18315
Date11 April 2018
CreatorsTorres Serrano, Juan Manuel
ContributorsPoirier, Paul-Hubert, Racine, Jacques
Source SetsUniversité Laval
LanguageSpanish
Detected LanguageFrench
Typethèse de doctorat, COAR1_1::Texte::Thèse::Thèse de doctorat
Formatxv, 348 f., application/pdf
CoverageAmérique latine
Rightshttp://purl.org/coar/access_right/c_abf2

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