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Le monde à l'envers : analyse de la structure du trafic transnational de drogues illicites

La thèse vise à analyser la structure des échanges transnationaux de cocaïne, d’héroïne et de marijuana. Partant de la perspective des systèmes-mondes, l’hypothèse que le trafic de drogues forme un système inverse au commerce légal est développée. Les outils de l’analyse de réseaux sont appliqués aux échanges de drogues entre pays. La thèse s’appuie sur deux sources de données complémentaires. La première est une banque d’informations uniques compilées par l’United Nations Office on Drugs and Crime (UNODC) sur les saisies d’importance effectuées dans le monde entre 1998 et 2007 (n = 47629). Ces données sont complétées par les informations contenues dans une dizaine de rapports publiés par des organismes internationaux de surveillance du trafic de drogues.

Les réseaux d’échanges dirigés construits à partir de ces données permettent d’examiner l’étendue du trafic entre la plupart des pays du monde et de qualifier leur implication individuelle. Les chapitres 3 et 4 portent sur la structure du trafic elle-même. Dans un premier temps, les différents rôles joués par les pays et les caractéristiques des trois marchés de drogues sont comparés. Les quantités en circulation et les taux d’interception sont estimés pour les 16 régions géographiques définies par l’UNODC. Dans un deuxième temps, leurs caractéristiques structurelles sont comparées à celles des marchés légaux. Il en ressort que les marchés de drogues sont beaucoup moins denses et que les pays périphériques y jouent un rôle plus prononcé. L’inégalité des échanges caractérise les deux économies, mais leurs structures sont inversées.

Le chapitre 5 propose une analyse de la principale source de risque pour les trafiquants, les saisies de drogues. Les données compilées permettent de démontrer que les saisies policières de drogues agrégées au niveau des pays sont principalement indicatrices du volume de trafic. L’éventuel biais lié aux pressions policières est négligeable pour les quantités saisies, mais plus prononcé pour le nombre de saisies. Les organismes de contrôle seraient donc plus à même de moduler leurs activités que les retombées éventuelles. Les résultats suggèrent aussi que les trafiquants adoptent des stratégies diverses pour limiter les pertes liées aux saisies.

Le chapitre 6 s’attarde à l’impact de la structure sur le prix et la valeur des drogues. Le prix de gros varie considérablement d’un pays à l’autre et d’une drogue à l’autre. Ces variations s’expliquent par les contraintes auxquelles font face les trafiquants dans le cadre de leurs activités. D’une part, la valeur des drogues augmente plus rapidement lorsqu’elles sont destinées à des pays où les risques et les coûts d’importation sont élevés. D’autre part, la majoration des prix est plus prononcée lorsque les échanges sont dirigés vers des pays du cœur de l’économie légale. De nouveau, les rôles sont inversés : les pays généralement avantagés dépendent des plus désavantagés, et les pays pauvres en profitent pour exploiter les riches. / This dissertation proposes an analysis of the structure of transnational drug trafficking. Based on the world-system perspective, it is hypothesized that cocaine, heroin and marijuana form separate markets that are opposite to other legal trades in many ways. The analysis relies on two data sources. The first is a unique compilation of seizures gathered together by the United Nations Office on Drugs and Crime (UNODC). The seizures were made between 1998 and 2007 (n = 47629). It is completed by intelligence published by various agencies across the world.

The dataset allows the construction of directed networks of drug trade between most countries of the world. Chapters 3 and 4 analyze the structure of the trade itself. Firstly, the roles played by the countries in each market are described and compared. The flow of drugs and interception rates are estimated for each 16 geographic areas defined by the UNODC. Secondly, several structural characteristics of the drug markets are compared to other legal trade, namely coffee and chocolate. It is shown that drug trade networks are less dense and that peripheral countries play more important roles. While inequality is characteristic of both legal and illegal economies, their structure is reversed.

In chapter 5, it is demonstrated that seizure data are mostly indicative of drug trafficking within a country. The expected law enforcement bias is negligible for quantities seized but more apparent when we look at the number of seizures. Thus, law enforcement agencies are better at planning operations against drug trafficking than at predicting their outcomes. The results presented in chapter 5 also suggest that traffickers use counter-strategies to reduce losses caused by drug seizures.

The price and value of drugs show significant variations among countries. Those variations are usually explained by varying costs and pressures suffered by traffickers. Chapter 6 seeks to measure the impact of structural features on wholesale price and value. The value of drugs increases more sharply when the drugs are bound to countries where the risks of seizures are higher. Furthermore, price mark-ups are higher when the trade is directed to core countries. Again, the situation is reversed: richer countries that generally control all economic activities rely on peripheral countries to be supplied in drugs.

Identiferoai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/6068
Date03 1900
CreatorsBoivin, Rémi
ContributorsTremblay, Pierre, Morselli, Carlo
Source SetsUniversité de Montréal
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeThèse ou Mémoire numérique / Electronic Thesis or Dissertation

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