Réalisé en codirection avec Hélène Buzelin / Depuis le début des années 1980, le milieu théâtral québécois manifeste un intérêt croissant pour Tchekhov. Pourtant, les pièces traduites ne répondent pas à la tendance qui, dans le Québec des années 1970-1980, consistait à adapter les classiques du théâtre étranger de façon ethnocentrique, notamment en les traduisant en québécois. Pour Tchekhov, les traducteurs et les praticiens semblent davantage préoccupés par la dimension dramaturgique de la langue que par l'adaptation au contexte sociolinguistique d'accueil. Intriguée par ce phénomène, nous avons cherché à le vérifier et à le comprendre dans le présent mémoire en analysant trois traductions québécoises d’Oncle Vania, représentées entre 1983 et 2001.
Notre travail se trouve au carrefour de deux disciplines : la traductologie et l’analyse dramaturgique. Il cherche à démontrer l’ancrage proprement dramaturgique des différentes stratégies de traduction d’Oncle Vania en étudiant la série de leurs concrétisations, du texte source jusqu’à la mise en jeu cible. Le corpus se compose de deux traductions à visée mimétique et d’une réécriture. Dans l'Oncle Vania de Michel Tremblay (1983), l'idiolecte du personnage de Marina a été traduit en joual de façon à recréer l'effet dramaturgique source. Dans Uncle Vanya (1993), une production anglaise du Théâtre du Centaur, les répliques de Sérébriakov ont été traduites en français par Jean-Louis Roux, l'interprète du personnage, et mettent en valeur plusieurs traits distinctifs de celui-ci. La troisième pièce à l'étude est une réécriture de la pièce par Howard Barker, (Uncle) Vanya, traduite au Québec par Paul Lefebvre (2001). La vulgarité de la langue de cette pièce a été traduite de façon sémantique pour recréer la relation déstabilisante spectacle/spectateur propre au Théâtre de la Catastrophe de Barker.
Très différentes les unes des autres, ces versions d'Oncle Vania démontrent que la traduction peut s'inscrire, en tant que processus d'analyse dramaturgique, au sein de la critique et de la réflexion sur l'œuvre de Tchekhov. En effet, ces traductions semblent participer davantage de l'histoire globale de l'interprétation du théâtre de Tchekhov en français que d’un projet sociopolitique. Ce mémoire contribue ainsi aux études de traductologie, en y intégrant des modalités d’analyse dramaturgique et apporte un nouvel éclairage à l’histoire de la traduction théâtrale au Québec. / Since the beginning of the 1980’s, Quebec's theatrical milieu interest for Chekhov plays is growing. However, the translated plays do not reflect the tendency which, in the 1970’s and the 1980’s, consisted in adapting the foreign classics of theater in an ethnocentric way, especially by translating them into québécois French. For Chekhov, the translators and the practitioners seemed more worried about the dramaturgic aspects of the language than by the sociolinguistic adaptation of the plays to the context of reception. Intrigued by this phenomenon, we tried to verify and understand it by analyzing three Uncle Vania plays translated and produced in Quebec between 1983 and 2001.
Our work is at the crossroads of two disciplines : traductology and dramaturgical analysis. It tries to demonstrate the strictly dramaturgic roots of the various translations strategies for Uncle Vania by studying the series of their concretizations, from the source text to the target mise en jeu. The corpus consists of two mimetic translations and a rewriting. The first play is Oncle Vania, translated by Michel Tremblay (1983), where the idiolect of Marina, one of the characters, was translated in joual in order to recreate the dramaturgic effect of the source text. In the second translation, Uncle Vanya, played in English at the Centaur Theater (1993), the lines of professor Serebryakov were translated into French by Jean-Louis Roux, the character's interpreter, and emphasize several of his characteristics. The third play of the corpus is a rewriting of Chekhov's, (Uncle) Vanya by Howard Barker, translated in Quebec by Paul Lefebvre (2001). The vulgarity of the language of this last play was translated in a semantic way, in order to recreate the show/spectator relation particular to the Barker’s Theatre of Catastrophe.
These Uncle Vania’s versions are very different from one another and demonstrate that translation, as a process of dramaturgic analysis, can contribute to the criticism and the reflection on the work of Chekhov. In fact, these translations seem to participate more in the global history of the interpretation of Chekhov’s theater in French, than in a sociopolitical reading of theatrical translation in Quebec. In contributing top translation studies by the mean of dramaturgical analysis, this work also sheds new light on the history of theatrical translation in Quebec.
Identifer | oai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/3705 |
Date | 08 1900 |
Creators | Gamache, Rachel |
Contributors | Bovet, Jeanne |
Source Sets | Université de Montréal |
Language | French |
Detected Language | English |
Type | Thèse ou Mémoire numérique / Electronic Thesis or Dissertation |
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