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L'héritage politique grec dans la pensée d'Algernon Sidney

Nous visons dans cette thèse à analyser l'influence de la pensée grecque sur la vision politique républicaine d'Algernon Sidney (1623-1683). Dans l'introduction cette figure importante de l'histoire politique et philosophique anglaise est replacée dans son contexte historique général. Nous y soulignons l'importance fondamentale qu'occupe la réfutation des thèses absolutistes de Sir Robert Filmer (1588-1653) dans les principaux ouvrages de Sidney. L'hypothèse directrice est que la critique systématique de Filmer par Sidney s'effectue grâce à l'apport de la pensée politique classique, l'œuvre d'Aristote, en particulier. Non seulement les arguments négatifs, mais aussi les propositions politiques positives de Sidney, s'inspirent des thèses du Stagirite sur la nature de la politique. Par-delà l'exposé de la critique sidneyenne de Filmer, nous cherchons à montrer une certaine continuité entre l'Antiquité et la Modernité qui est perceptible dans l'œuvre de Sidney. Contre des penseurs tels que Leo Strauss qui voient une coupure radicale entre les Anciens et les Modernes, la réflexion de Sidney permet de comprendre que des penseurs se situant après Machiavel s'inspirent encore d'auteurs comme Aristote tout en les adaptant à de nouvelles circonstances. Les quatre premiers chapitres cherchent donc surtout à démontrer les affinités entre Sidney et Aristote. Des sujets tels que le meilleur régime, la nature de la liberté et de la servitude, la finalité de la vie politique, la monarchie et la démocratie, les limites du pouvoir et la centralité de la loi, y sont explorés. Il en ressort un portrait complexe et nuancé de Sidney qui doit combattre son principal adversaire non seulement sur le terrain de la philosophie, mais aussi de l'histoire et de la théologie. La deuxième partie de la thèse s'ouvre avec quelques précisions méthodologiques qui permettent de mieux comprendre les comparaisons de la pensée de Sidney avec celle d'autres penseurs : Nicolas Machiavel, Thomas Hobbes et John Locke. L'importance d'étudier aussi bien le contexte historique que les textes marquants est soulignée dans le cinquième chapitre. L'école dite « révisionniste » de Quentin Skinner et celle de « l'histoire sociale des idées politiques » de Neal Wood et d'Ellen Meiksins Wood sont comparées en vue d'élaborer une synthèse. La combinaison des deux grandes approches interprétatives permet de mieux comprendre les positions politiques défendues par Sidney dans les Maximes de la cour (1665) et les Discours sur le gouvernement (1698). Les trois derniers chapitres, du sixième au huitième, permettent de montrer l'originalité des positions politiques de Sidney. Nous constatons que l'auteur arrive à rapprocher certaines thèses d'Aristote et de Machiavel, mais aussi à proposer une solution de rechange républicaine aux thèses contractuelles de Hobbes. Nous dégageons dans le dernier chapitre les affinités et les différences entre Locke et Sidney en montrant que la fidélité de ce dernier à certaines idées d'Aristote est le critère différenciant les deux penseurs. Nous insistons enfin, en nous appuyant sur plusieurs passages de son œuvre, sur l'influence que la pensée de Sidney a eue aussi bien en terre d'Amérique que sur le Continent. Ces analyses renforcent l'idée défendue par ailleurs dans la thèse que la modernité politique est en large partie redevable à la philosophie politique antique. / In this thesis we aim to analyse the influence of Greek thought on the republican political vision of Algernon Sidney (1623-1683). In the introduction, this important figure in English political and philosophical history is placed in his general historical context. The fundamental importance of the refutation of the absolutist theses of Sir Robert Filmer (1588-1653) in Sidney's main works is highlighted. The guiding assumption is that Sidney's systematic critique of Filmer is made possible by the contribution of classical political thought, the work of Aristotle in particular. Not only Sidney's negative arguments, but also his positive political proposals, are inspired by the Stagirite's theses on the nature of politics. Beyond the presentation of Sidney's critique of Filmer, we seek to show a certain continuity between Antiquity and Modernity that is perceptible in Sidney's work. Against thinkers such as Leo Strauss who see a radical break between the Ancients and the Moderns, Sidney's reflection allows us to understand that thinkers after Machiavelli still draw inspiration from authors such as Aristotle while adapting them to new circumstances. The first four chapters therefore seek to demonstrate the affinities between Sidney and Aristotle. Topics such as the best regime, the nature of freedom and servitude, the purpose of political life, monarchy and democracy, the limits of power and the centrality of law are explored. What emerges is a complex and nuanced portrait of Sidney, who must fight his main opponent not only on the terrain of philosophy, but also of history and theology. The second part of the thesis opens with some methodological details that allow for a better understanding of the comparisons of Sidney's thought with that of other thinkers: Niccolò Machiavelli, Thomas Hobbes, and John Locke. The importance of studying both the historical context and the key texts is emphasised in the fifth chapter. Quentin Skinner's 'revisionist' school and Neal Wood's and Ellen Meiksins Wood's 'social history of political ideas' are compared to develop a synthesis. The combination of the two main interpretative approaches allows for a better understanding of the political positions advocated by Sidney in the Court Maxims (1665) and the Discourses Concerning Government (1698). The last three chapters, from the sixth to the eighth, show the originality of Sidney's political positions. We note that the author manages to bring together certain theses of Aristotle and Machiavelli, but also to propose a republican alternative to Hobbes' contractual theses. In the last chapter, we identify the affinities and differences between Locke and Sidney, showing that the latter's fidelity to certain ideas of Aristotle is the criterion that differentiates the two thinkers. Finally, based on several passages of his work, we insist on the influence that Sidney's thought had both in America and on the Continent. These analyses reinforce the idea defended elsewhere in the thesis that political modernity is largely indebted to classical political philosophy.

Identiferoai:union.ndltd.org:LAVAL/oai:corpus.ulaval.ca:20.500.11794/73127
Date20 April 2022
CreatorsMoussaly, Omer
ContributorsNarbonne, Jean-Marc
Source SetsUniversité Laval
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
Typethèse de doctorat, COAR1_1::Texte::Thèse::Thèse de doctorat
Format1 ressource en ligne (xi, 367 pages), application/pdf
Rightshttp://purl.org/coar/access_right/c_abf2

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