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Les Idées tyranniques, concept purement balzacien?

Si seulement j’avais plus de pouvoir (Faust de Goethe), le pacte que j’ai conclu était réversible (Raphaël de La Peau de chagrin), je faisais une grande découverte (Balthazar de La Recherche de l’absolu), j’avais obtenu ce que je souhaitais (Heathcliff des Hauts de Hurlevent), je tuais Moby Dick (le capitaine Achab), mon époux était à la hauteur (Madame Bovary), je pouvais établir avec certitude que j’étais un grand homme comme Napoléon (Raskolnikov de Crime et châtiment), j’agirais différemment. La question que posent, entre autres, ces romans est de savoir si les raisons invoquées sont légitimes ou si elles représentent, pour le sujet, une excuse pour échapper à une réalité déprimante. Le fait que les écrivains ci-dessus fassent s’autodétruire, ou presque, leur héros incline à pencher pour la seconde alternative et à conclure que les moyens employés par ces derniers pour améliorer leur condition ne sont pas viables. Ils nous amènent à identifier dans la « nature humaine » des cercles vicieux et vertueux : tarder à employer tous les moyens défendables possibles pour améliorer son existence incite à refuser d’accepter que tout ne dépend pas de soi – l’origine, semble-t-il, de ce que Balzac appelle les « idées tyranniques » – et vice versa, mais ne pas laisser les problèmes présents nous empêcher d’être la personne que l’on veut vraiment être incite à bien résoudre les problèmes auxquels on fait face, et vice versa. En d’autres termes, une vision large des choses ne peut se maintenir à long terme sans une volonté forte, et vice versa. Ce dernier cercle est en essence le principe de l’éternel retour tel que l’a exposé Nietzsche. La psychologie cognitive et comportementale qui traite avec un certain succès les comportements à caractère obsessionnel comme les pensées envahissantes, l’anorexie mentale et le jeu compulsif fait appel aux mêmes moyens que préconisaient déjà à leur façon les philosophes comme Descartes, Spinoza, Hume et Nietzsche pour atteindre une vie bonne, nommément la perspicacité, l’habituation et l’action à bon escient, ceux-là même dont les romanciers cités plus haut ont privé leur héros. La pulsion autodestructrice qui anime les sujets obsessionnels semble ainsi mieux s’expliquer par une double incapacité, qui s’alimente elle-même, à tolérer la situation présente et à employer des moyens raisonnablement réfléchis de la modifier que par une tendance vers la réduction absolue des tensions que Freud a postulée pour rendre compte de la répétition sans fin de comportements irrationnels que le principe de plaisir ne peut adéquatement expliquer. Dans ce qui suit, nous montrerons comment le phénomène des idées tyranniques met en lumière les rapports étroits qui existent entre l’humeur et le jugement, et comment ces rapports pourraient expliquer en partie des troubles mentaux comme l’anorexie mentale, le jeu compulsif ou les ruminations mentales. / Thesis (Ph.D, French) -- Queen's University, 2012-04-06 14:14:09.903

Identiferoai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:OKQ.1974/7049
Date09 April 2012
CreatorsCastagné, Gérard
ContributorsQueen's University (Kingston, Ont.). Theses (Queen's University (Kingston, Ont.))
Source SetsLibrary and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada
LanguageEnglish, French
Detected LanguageFrench
TypeThesis
RightsThis publication is made available by the authority of the copyright owner solely for the purpose of private study and research and may not be copied or reproduced except as permitted by the copyright laws without written authority from the copyright owner.
RelationCanadian theses

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