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Prosopopée idéologique de Paul: Une lecture socio-rhétorique du discours de Paul à Athènes (Actes 17, 15-18, 1)

Notre thèse est une étude du rôle idéologique de la prosopopée à travers le texte de Actes 17,15-18,1 communement appelé discours de Paul à Athènes. Elle vise deux buts: (1) Le premier but est de montrer que le discours de Paul à Athènes peut être lu comme une prosopopée. Pour ce faire, le discours doit être replacé dans un système de communication persuasif où l'on peut distinguer trois paliers de communication. Le premier palier se situe entre Paul et les Athéniens, le deuxième entre Luc (l'auteur présumé du livre de Luc-Actes) et son auditoire/ses lecteurs, et le troisième entre le lecteur/interprète et son interlocuteur d'aujourd'hui. Au deuxième palier, Luc veut amener son auditoire à adhérer à son discours évangélisateur mais il ne s'adresse pas à eux directement. Il utilse plutôt un discours mis dans la bouche de Paul. Ce deuxième palier est le lieu où se joue toute la dynamique de la rhétorique idéologique de la prosopopée. (2) Le deuxième but est d'ordre méthodologique. Pour mettre en lumière les trois niveaux de communication et faire ressortir les éléments de la rhétorique idéologique de la prosopopée dans ledit discours, nous appliquerons au texte un ensemble d'outils d'analyse connu sous le nom de socio-rhétorique. Il sera donc question de voir comment la socio-rhétorique est une méthode nécessaire qui répond aux attentes de l'exégète contemporain lorsqu'il s'agit de combiner dans une même étude idéologie et rhétorique de persuasion.
Nous comprenons l'idéologie comme étant le processus global qui permet à un locuteur de déplacer un interlocuteur d'une position "A" à une position "B". L'idéologie est pour nous le lieu d'un dynamisme. L'idéologie n'est donc pas, dans notre contexte, un agenda cache de l'interlocuteur mais l'ensemble des éléments qu'il utilise pour convaincre son interlocuteur de changer d'idée et d'adhérer à ce qu'il lui présente.
Dans cette perspective, la mission chrétienne devient une communication qui met en branle deux interlocuteurs: l'évangélisateur et l'évangélisant 1. Dans ce schéma communicationnel, l'évangélisateur devient le locuteur et l'évangélisant, le locute 2. Le premier essaie de convaincre le second qui reçoit le message et subit l'effet de la force persuasive du premier. Dans le cas du discours de Paul à Athènes, nous sommes en présence de deux locuteurs et de deux locutes: Luc et son premier auditoire, Paul et les habitants d'Athènes. Mais le deuxième locuteur (c'est-à-dire Paul) ne parle qu'à travers le récit du premier, Luc. L'auditoire premier de Luc jugera de l'effet du message de Paul sur les habitants d'Athènes et cet effet aura, sans aucune doute, une influence sur leur acceptation ou leur rejet du kerygme.
Cette situation communicationnelle est celle de la mission chrétienne d'aujourd'hui. Tout missionnaire, toute personne qui transmet le message chrétien essaie, de manière voulue ou non, de persuader son vis-a-vis du kerygme. Mais le discours qu'il tient n'est rien d'autre que la reprise des discours canoniques de la Bible. À travers tout évangélisateur, parlent les évangélisateurs bibliques avec le même but, plus fort que jamais, celui de persuader du bien fondé de l'acceptation de Jésus comme le Christ venu du Père. Il faut donc admettre que, dans la communication du message chrétien, deux éléments entrent en jeu: le discours déjà attribué à des personnages bibliques, et la volonté de persuader l'évangélisant ou au mieux, de le faire glisser de sa conviction première à une autre en créant un nouvel espace de compréhension.
La première dimension, celle de l'attribution du discours, nous a mis sur la piste de la prosopopée car nous sommes persuadés que ce discours a toutes les caractéristiques d'une prosopopée. La seconde dimension, celle de la volonté de persuader et de faire mouvoir l'évangélisant d'une position "A" à une position "B", qui sous-tend le discours chrétien, nous a conduit à notre concept d'idéologie. Mais il nous semble que la prosopopée et l'idéologie ne s'excluent pas mutuellement. La première fait appel nécessairement à la seconde et la seconde renforce l'utilisation de la première. C'est pour cette raison que nous préférons parler de rhétorique idéologique de la prosopopée pour faire référence à cette relation intime qui existe entre la prosopopée et l'idéologie lorsque nous sommes dans une situation de persuasion.
Notre étude comporte quatre parties. Dans la première, nous avons fait état de la question sur Actes 17,15-18,1. Entendons-nous à ce sujet. Notre état de la question ne prétend pas tout dire sur les recherches qui ont été faites sur le texte. Il y en a beaucoup trop pour notre modeste thèse. Mais nous nous sommes efforcés de rendre compte de la majorité de ces études en vue de mieux situer la notre dans l'arène des recherches. C'est ainsi que nous avons démontré le bien fondé d'une nouvelle étude sur ce texte et que nous avons pose notre question principale, puis notre hypothèse de recherche. Ce chapitre est en fait un travail préliminaire.
Dans la seconde partie nous avons traité de la prosopopée telle que comprise par les auteurs de la rhétorique classique. Nous avons essayé de cerner les éléments qui font de cette figure de style un outil de rhétorique persuasive et idéologique. Ensuite, par l'application de la rhétorique classique au discours de Paul à Athènes, nous avons fait ressortir ses insuffisances et la nécessité d'appliquer la socio-rhétorique dans l'étude du dit discours.
La troisième partie de notre thèse est consacrée à la socio-rhétorique comme outil nécessaire d'analyse de la rhétorique idéologique des textes bibliques. Étant donne que cet ensemble d'outils méthodologiques est en perpetuelle évolution de par sa définition, nous avons présenté les outils en questions tels que vus par Vernon Robbins. Enfin, la quatrième partie est consacrée à l'application des outils d'analyse valables dans notre cas, au texte de Actes 17,15-18,1.
1Comprendre par ce vocable celui ou celle qui est a évangéliser ou qui est en train d'être évangélise. 2Nous empruntons la notion de locute à la pragmatique de Rodolphe GHIGLIONE, qui la définit comme un receptacle ou un manipule. L'homme communiquant. Paris, Armand Colin, 1986, p. 79.

Identiferoai:union.ndltd.org:uottawa.ca/oai:ruor.uottawa.ca:10393/29330
Date January 2005
CreatorsGunn, (Eloi) Tete Delali
PublisherUniversity of Ottawa (Canada)
Source SetsUniversité d’Ottawa
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeThesis
Format327 p.

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