Les représentations de la Bohémienne dans la littérature française du XIXe siècle sont le résultat d’une présence scénique assez ancienne en France, sous la forme des personnages de la commedia dell’arte. Les circonstances historiques et socio-culturelles des deux pays ont ajouté de nouvelles fonctions à ce personnage. Depuis les plus anciennes images des personnages des contes merveilleux et jusqu’au roman qui lui offre des perspectives diverses, la Tsigane se remarque par son exotisme, étant une figure de l’altérité. L’étrangeté de ce personnage apparaît dès qu’on analyse les ethnonymes européens, très divers et signifiant une origine supposée ou légendaire. Dans l’espace linguistique roumain il existe une variété de surnoms et de noms signifiant des métiers ou des traditions interprétées par ce peuple, certains noms représentant aussi des marques de l’ironie ou de rejet social. Nous avons considéré utile de commencer par l’étude des noms pour continuer avec une analyse par genres littéraires. Ainsi, les Bohémiennes des ballets et des romans d’aventures surprennent le lecteur par le mélange de bien et de mal dans leurs actions. Leur caractère d’initiatrices est présent dans la plupart des ballets. Les Bohémiennes interviennent dans le conflit initial, offrant une solution et leur intrusion est révélatrice pour les autres personnages. Les romans d’aventures spéculent le caractère duel du personnage, popularisant les motifs du déguisement et de l’enfant enlevé et retrouvé. La Tsigane y opère une transformation des autres personnages et impose une réflexion à la liberté et à la vérité sociale. Les personnages se déguisent en Bohémienne pour échapper aux restrictions ou aux poursuites. Nous avons analysé les images de la Tsigane dans les textes littéraires roumains du début du XIXe siècle et surtout des décennies 1830-1860. L’hypothèse d’un personnage à fonction de symbole idéologique s’en est détachée. La Tsigane y est une voix des oppressés, une image de la misère mais aussi une métaphore du changement et du progrès. Elle fait partie des manifestations d’un mouvement subversif dirigé par des intellectuels pro-occidentaux. Dans la même période où la Bohémienne est pleinement représentée dans les arts romantiques français, la Tsigane apparaît elle aussi dans les premiers textes des auteurs roumains. Elle devient peu à peu une figure de la révolte. Les images de la Tsigane-Bohémienne dans les deux littératures sont une preuve de l’influence française sur la génération des intellectuels roumains de la moitié du XIXe siècle. Elles montrent aussi une synchronisation entre les deux littératures, résultat des efforts extraordinaires de cette élite formée presque entièrement en France. / The representations of Gypsies in the French and the Romanian literature of the nineteenth century are part of a romantic cultural movement. Since the oldest images, the characters of fairy tales and the ballets, to novel that offers them various perspectives, the Gypsy is noted for its exoticism, being a figure of otherness. The literary representations of the nineteenth century are an extension of the old collective images. The characters of Romanian literature further illustrate the ancestral types of the woman blacksmith, and the mythical image of Isis exists in both literatures. The gypsy ballet and adventure novels surprise the reader by the mixture of good and evil in their actions. Their initiation function is present in most of the ballets. The Gypsy women are involved in the initial conflict, offering a solution. The adventure novels speculate the dual nature of the character, proliferating the grounds of disguise and of the children abducted and found after several years. The Gypsy also operates there a change of the other characters and places the reflection on freedom and social truth. The characters disguise themselves into Bohemians to escape the restrictions or prosecution. The images of Gypsies in the Romanian literary texts from the early nineteenth century and especially in the decades from 1830 to 1860 sustain the hypothesis of a subversive character. The Gypsy woman is chosen to speak the social truth, being a face of misery but also a symbol of change and of progress in the cultural movement led by the generations of pro-Western intellectuals. She is one of the voices of the oppressed and gradually becomes a figure of revolt. In the same period that the Gypsy is everywhere in the French romantic arts, she also appears in the first texts of the Romanian authors. This proove the French influence on the young Romanian generation. It also shows a synchronization between the two literatures, the result of the extraordinary efforts made by this elite formed almost entirely in France.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2015PESC0019 |
Date | 23 November 2015 |
Creators | Iftimie, Paula |
Contributors | Paris Est, Universitatea Alexandru Ioan Cuza (Iaşi, Roumanie), Claudon, Francis |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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