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Historiographie et enjeux de mémoires au Burundi

L'historiographie du Burundi est le fruit d'une confrontation entre deux cultures, celle de l'oral et celle de l'écrit. D'un côté, les Burundais ont développé un mode de connaissance du passé centré autour de traditions et de légendes mettant en scène la royauté et la société. De l'autre, les Européens, missionnaires et colonisateurs, se sont inspirés de ce matériau local pour écrire une histoire du Burundi, au service de leurs projets et largement imprégnée d'idéologies raciales. L'institutionnalisation de l'ethnie avec la colonisation et les discriminations qui en découlent ont remis en question l'équilibre de la communauté nationale, au point que le pays souffre depuis son indépendance de violences extrêmes et endémiques. L'immense entreprise méthodologique initiée par les scientifiques à partir des années 1960 a ouvert la voie à une connaissance renouvelée du passé du Burundi. Pour autant, les théories raciales construites dans le sillage de la colonisation font partie du discours général sur ce pays, et alimentent les postures partisanes des hommes de pouvoir et d'une partie de la population. Le passé est ainsi appelé pour justifier les massacres et absoudre les vengeances. L'ethnie est devenue un prétexte et un outil de captation du pouvoir. Dans ce contexte, les mémoires s'affrontent et s'enferment, hésitent entre revendication et résignation. L 'écriture de l'histoire est pourtant l'occasion de débats et de questionnements qui s'appuient sur les mémoires pour consigner le passé tel qu'il est. L'enjeu des historiens du Burundi est désormais de parvenir à conjuguer les exigences scientifiques qu'impose leur métier avec le sondage de mémoires multiples.

Identiferoai:union.ndltd.org:CCSD/oai:tel.archives-ouvertes.fr:tel-00823526
Date20 March 2013
CreatorsLaroque, Aude
PublisherUniversité Panthéon-Sorbonne - Paris I
Source SetsCCSD theses-EN-ligne, France
Languagefra
Detected LanguageFrench
TypePhD thesis

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