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L'activité onirique et la mémoire autobiographique.

Le rêve incorpore souvent des expériences récemment vécues et parfois, du expériences de vie très lointaines et oubliées. Cependant, nous ne savons toujours pas s'il existe un patron selon lequel les mécanismes oniriques pigent des éléments mnémoniques dans le vaste répertoire de souvenirs personnels.

Foulkes (1985) a postulé que le rêve est un acte cognitif dont l'organisation cognitive reflète celle de l'éveil. Durant l'éveil, on a observé que la distribution des souvenirs autobiographiques (SA) d'adultes de plus de 60 ans, épouse une forme cubique, à trois composantes: (1) une fréquence élevée de souvenirs pour les 10 à 20 dernières années qui diminue au fur et à mesure qu'ils deviennent lointains; (2) une recrudescence de souvenirs qui remontent à l'adolescence et au début de l'âge adulte; (3) très peu de souvenirs qui remontent à la petite enfance. Selon Rubin, Rahal et Poon (1998), les souvenirs d'événements appartenant aux époques de l'adolescence et du début de l'âge adulte sont plus facilement repérables parce qu'ils ont été encodés à un moment de la vie où la nouveauté et l'apprentissage sont en effervescence.

Nous nous sommes donc demandé s'il serait possible que l'organisation temporelle dite "inconnue" des sources mnémoniques auxquelles se réfère l'activité onirique pendant le sommeil soit la même que l'organisation temporelle des sources mnémoniques auxquelles se réfère la mémoire autobiographique à l'éveil?

Vingt-huit étudiantes universitaires (âge moyen = 22 ans) et trente enseignantes/infirmières retraitées (âge moyen = 65 ans) ont tenu un journal de rêve pendant une semaine et ont dormi une nuit en laboratoire au cours de laquelle elles ont été réveillées à toutes les périodes de sommeil paradoxal. Le matin, elles ont été invitées à identifier les références temporelles (RT) par rapport à cinq éléments du contenu manifeste (personnages, objets, lieux, événements, activités). En plus, elles ont été invitées à fournir un échantillon de SA suivant la méthode du stimulus sémantique de Galton (1879). Tous les SA et seulement les RT oniriques rapportées comme n'ayant pas accédé à la conscience depuis l'expérience vécue en réalité ont été classifiées dans des catégories temporelles.

Un total de 148 rêves en laboratoire (80 pour les jeunes et 68 pour les aînées) et 173 rêves à la maison (82 pour les jeunes et 91 pour les aînées) ont été analysés. En ce qui a trait aux rêves des aînées, des analyses de comparaisons planifiées ont indiqué que tant les SA, que les RT dans les rêves en laboratoire et à la maison, ont suivi une tendance cubique statistiquement significative.

Cette étude démontre donc que la distribution des RT dans les rêves ressemble à celle des SA repérés à l'éveil. Elle suggère en plus, que pendant le sommeil, les mécanismes oniriques sembleraient également bénéficier de l'enchérissement mnésique et de la facilité de repérage des éléments mnémoniques initialement stockés pendant l'adolescence et la vie de jeune adulte.

Identiferoai:union.ndltd.org:uottawa.ca/oai:ruor.uottawa.ca:10393/8457
Date January 1999
CreatorsGrenier, Jean.
ContributorsDe Koninck, Joseph,
PublisherUniversity of Ottawa (Canada)
Source SetsUniversité d’Ottawa
Detected LanguageFrench
TypeThesis
Format205 p.

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