Comme l'a montré récemment Peter Sloterdijk, l'avènement du système médiatique remet profondément en cause le modèle humaniste du livre comme lettre créatrice d'amitié. Les citoyens ne s'identifient plus à des valeurs communes grâce à des lectures canoniques. C'est pourquoi, à la fin du XIXe siècle déjà, les hommes de lettres vont chercher des modalités nouvelles de réduire la distance qui les sépare du public. Cette thèse examine et compare quatre journaux ou revues artistiques différentes - L'Hydropathe, Le Chat Noir, La Plume et Le Mur - dont les créateurs organisent des soirées littéraires publiques ou des spectacles de projection - théâtre d'ombres - dans des lieux qu'ils aménagent dans ce but : des cafés, des petites salles intimes du Quartier Latin, des cabarets à Montmartre. Les étudiants nomades se fixent et à cela va correspondre un investissement progressif aussi bien de l'espace théâtral que de l'espace textuel. On sera pourtant étonné de découvrir des préoccupations similaires, chez un auteur retiré, qui ne prenait pas volontiers la parole en public. Stéphane Mallarmé est un écrivain, comme dit Jacques Rancière, " infiniment attentif à son temps ". On remarquera ainsi que Mallarmé et les avant-gardes étudiées créent des spectacles démocratiques qui s'efforcent de rendre compte des contradictions irréductibles du monde moderne. On imaginera avec un certain plaisir, certes indissociable de l'humour, de la fête et du carnaval, les communautés auxquelles les mises en scène de l'écriture fragmentaire et du support artistique nous invitent visiblement à rêver.
Identifer | oai:union.ndltd.org:CCSD/oai:tel.archives-ouvertes.fr:tel-00831361 |
Date | 03 May 2010 |
Creators | Schiau Botea, Diana |
Publisher | Université de la Sorbonne nouvelle - Paris III |
Source Sets | CCSD theses-EN-ligne, France |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | PhD thesis |
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