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Albert Camus et le christianisme

Pour Albert Camus le problème dominant du XXe siècle est de savoir, "si l'homme sans le secours de l'éternel ou de la pensée rationaliste peut créer à lui seul ses propres valeurs". Peut-il trouver un sens de la vie en dehors du divin? C'est là une question essentiellement religieuse à laquelle Camus cherche une reponse dans toutes ses oeuvres. Le but de la présente thèse est d'étudier le rôle que le christianisme joue dans cette recherche. Cet aspect de son ceuvre n'ayant guere attire l'attention des critiques, il faut chercher dans les oeuvres mêmes de l'auteur les temoignages de l'influence chrétienne sur sa pensée.
Le premier chapitre de l'étude discute les dissemblances entre le christianisme et la pensée de Camus. Chez lui tout est a la mésure de l'homme tandis que chez le chrétien tout depend de Dieu. C'est là la dissemblance capitale de laquelle dérivent toutes les autres.
Camus se sert souvent de termes théologiques tels que "salut" et "jugement", mais pour lui ceux-ci dépendent des hommes et se réalisent sur cette terre. II croit que tous sont à la fois coupables et innocents, idée contraire à la doctrine chrétienne du péché originel. II affirme d'ailleurs, que la mort est "une porte fermée". II va meme plus loin et considere la croyance à l'immortalité comme une tricherie qui peut empêcher I'homme de remplir sa tâche ici-bas. Puisqu'un au-délà n'existe pas, la vie du présent est précieuse et on ne doit pas fuir ses responsabilités.
La force qui soutient et inspire Camus, c'est la beauté qu'il conçoit paienne au sens grec. Son idée du corps est également grecque et il se rejouit qu'apres tant de siècles on voit de nouveau les corps nus sur les plages. Enfin pour lui la terre est le royaume de I'homme, et non de Dieu, et c'est a I'homme qu'il rend hommage.
Viennent ensuite les objections précises que Camus fait au christianisme. Le problème du mal est la pierre d'achoppement à la croyance en Dieu car Camus y trouve ce paradoxe insoluble: Dieu tout-puissant permettant la souffrance des innocents, ou Dieu, bon mais impuissant, ne pouvant rien contre ce scandale. II critique le christianisme, hypocrite, totalitaire, inefficace contre le mal, et il y voit une évasion hors du monde actuel. En outre il condamne les faiblesses de l'Eglise, qui se range souvent du côté des oppresseurs, et qui selon Camus a trahi sa mission médiatrice. Elle a preféré aussi la mystification à la lumière qu'il estime tant.
Tout en reconnaissant ses objections au christianisme, le troisième chapitre de cet essai souligne les ressemblances nombreuses entre la pensée de cet auteur et la pensée chrétienne. Pour Camus, comme pour le chrétien, la lutte pour améliorer la souffrance des hommes, pour établir un meilleur monde est une obligation majeure. Lui aussi, reconnaît le besoin de valeurs, et celles qu'il mentionne, l'honnêteté, la justice, la liberté, la loyauté, l'honneur, la compassion, sont celles prêchées par le Christ. Mais on doit noter que Camus en trouve la source dans la révolte, tandis que le christianisme la trouve dans la Bible. Comme le christianisme Camus rejette l'idée de nihilisme, même au point d'espérer une renaissance en Europe. De plus il affirme qu'on ne doit jamais ajouter au mal du monde ou se ranger du côté des bourreaux, idées que partage le christianisme.
Le dernier chapitre discute les images religieuses et chrétiennes dont Camus se sert librement dans ses Scrits, en faisant allusion aux rites de l'Eglise comme la messe, le confession et l'absolution, démontrant sa connaissance de la Bible, d'où il tire beaucoup de citations et de références. Toute son oeuvre est imprégnée d'allusions au Christ, surtout à ses souffrances et à son sacrifices. Beaucoup de ses personnages sont à l'image du Christ, tout au moins par certain aspects de leur caractère.
En conclusion on remarque que malgré l'incroyance de l'auteur et sa critique tranchante des faiblesses de l'Eglise, une influence chrétienne se manifeste dans les oeuvres d'Albert Camus, et on se rend compte que cette influence est plus grande dans les dernières oeuvres que dans les premières. Enfin tous les écrits de Camus mettent en lumière l'idée exprimée par Jean-Baptiste Clamence: "...pas chrétien pour un sou, bien que j'aie de l'amitié pour le premier entre eux." / Arts, Faculty of / Central Eastern Northern European Studies, Department of / Graduate

Identiferoai:union.ndltd.org:UBC/oai:circle.library.ubc.ca:2429/40142
Date January 1961
CreatorsReekie, Julia Lamont
PublisherUniversity of British Columbia
Source SetsUniversity of British Columbia
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeText, Thesis/Dissertation
RightsFor non-commercial purposes only, such as research, private study and education. Additional conditions apply, see Terms of Use https://open.library.ubc.ca/terms_of_use.

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