Cette thèse examine les dossiers de crédit produits entre 1847 et 1872 par la succursale montréalaise
de la Mercantile Agency, l’une des plus célèbres et puissantes agences d’évaluation de crédit en
Amérique du Nord au 19e siècle.
Le 19e siècle est notamment caractérisé par l’accélération de la commercialisation transatlantique.
Montréal étant située géographiquement plus ou moins entre la Grande-Bretagne et les États-Unis,
elle est au coeur des transformations économiques. Les institutions légales, commerciales et
financières de la métropole doivent s’ajuster au contexte généralement associé à l’entrée dans le
capitalisme. Le climat économique bouillonnant force effectivement les gouvernements à faire
adopter des lois sur les faillites pour amoindrir les effets négatifs des créances irrécouvrables et
pour encourager et soutenir la diffusion du crédit commercial. Plusieurs raisons, liées par exemple
aux problèmes d’accessibilité, à la complexité et aux coûts engendrés par les procédures, font en
sorte que les lois sont pourtant, aux yeux de la communauté marchande qui bénéficie des
législations, inaptes à garantir pleinement le recouvrement du crédit. La thèse soutient que les
agences d’évaluations constituent une réponse des gens d’affaires aux problèmes de l’asymétrie
d’information que les gouvernements n’ont pas été en mesure de régler par la législation.
Les agences établissent une forme d’autorégulation du crédit marchand. Elles proposent une
estimation des risques que pose un potentiel débiteur. Pour conduire leur expertise, les enquêtes de
crédit ont pour méthode de recueillir puis de faire une synthèse de l’opinion publique commerciale.
Elles traduisent textuellement ce qui se dit sur les commerçants qui font l’objet d’une enquête.
Les bureaux de crédit organisent, gèrent et diffusent à son réseau d’abonnés la réputation des
commerçants qu’elle évalue. Ce système mène à la création d’une économie des réputations. À
l’intérieur de cette structure, les réputations retranscrites dans les dossiers de crédits prescrivent les
conditions d’emprunt aux yeux des créditeurs qui souscrivent aux services offerts par la Mercantile
Agency.
L’analyse, qui s’appuie sur les postulats de la « nouvelle histoire du capitalisme », explore cette
économie des réputations construites par les agences qui influence les relations de crédits entre les
prêteurs et l’emprunteur. Les dossiers de crédit conçoivent une forme de savoir qui a l’ambition
d’avantager les conditions d’asymétrie de l’information en faveur des créditeurs.
Dans les dossiers de crédit de cette époque, la réputation traduit donc le degré de solvabilité. Les
différents chapitres décortiquent les modalités de cette forme d’organisations des réputations, les
variables évoquées dans les évaluations, les principes et les vertus définissant la réputation
commerciale et les tensions qui découlent de cet encadrement pionnier du crédit marchand. / This thesis examines the credit records between 1847 and 1872 of the Montreal branch of the
Mercantile Agency, among the most important credit bureaus in 19th century North America.
The 19th century saw the acceleration of transatlantic trade. Montreal, located between Great
Britain and the United States, was at the crossroads of the economic expansion. In this period,
commonly referred to as the transition to capitalism, the legal, commercial and financial institutions
of the metropolis were forced to adjust.
In the financial sector, the state was compelled to adopt bankruptcy laws to lessen the negative
effects of bad debts and to encourage and support the spread of commercial credit. However,
because of limited accessibility, and the complexity and costs of the procedure, the laws were
unable to fully guarantee the recovery of loans and were deemed unsatisfactory by the business
community. The thesis claims that the emergence of credit agencies responded to the needs of the
business community to address problems of information asymmetry.
These agencies, like the Mercantile Agency, established a type of self-regulation of commercial
credit. They provided information on risk to lenders. To a large extent, the information gathered
represented the opinion of the Montreal merchant community. The credit offices of the Mercantile
Agency used this information to generate rankings of the credit worthiness of merchants. The
information was disseminated to the Agency’s network of subscribers. In this fashion, the Agency
contributed to the construction of an economy of reputations.
The research, which is inspired by contributions to the new history of capitalism, explores the
effects of the construction of the economy of reputations on the relationship between lenders and
borrowers. I find that the structure of the relationship favored creditor over debtors.
The chapters of the thesis describe the role of reputation in the creditor-debtor relationship, the
determinants adopted to measure credit worthiness, and the tensions and conflicts that emerged in
the economy of reputations.
Identifer | oai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/27441 |
Date | 08 1900 |
Creators | Lapalme, Alexandre |
Contributors | Hubert, Ollivier, Huberman, Michael |
Source Sets | Université de Montréal |
Language | fra |
Detected Language | French |
Type | thesis, thèse |
Format | application/pdf |
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