Ce travail de thèse vise à présenter un certain nombre de tendances et de points de tensions nés ou mis à jour à Cuba à la suite de la période spéciale en temps de paix que l'on peut définir comme une crise économique et sociale d'une ampleur considérable ayant frappé ce pays à la suite de la chute du camp socialiste au début des années 90. Pour ce faire, nous nous centrons sur l'expérience de musiciens qualifiés « d'ordinaires » évoluant dans la capitale, La Havane. C'est ainsi à la lumière du quotidien de ces artistes qu'il nous sera possible de comprendre et de saisir la profondeur de cette crise et des fortes redéfinitions qu’elle met en jeu. Il s’agit de voir les conséquences des moyens mobilisés par le régime socialiste cubain de façon à sortir de cette impasse économique et sociale tout en préservant les acquis sociaux de cette révolution, base de sa légitimité populaire. Seulement, si à terme les réformes engagées (massification du tourisme, progressive mise en avant de comportements économiques libéralisant, double circulation monétaire...) ont permis un redressement économique certain, elles ne vont pas sans questionner, voire entrer en contradiction avec les discours, prérogatives et modes de vie valorisés par le pouvoir. Nous verrons ainsi de quelles manières un certain nombre de tensions, issues de ces changements (entre un passé idéalisé et un futur incertain, entre l’image de l’authentiquement cubain et celle du non-cubain, et enfin entre le nous révolutionnaire et les projections individuelles) sont traités par ces musiciens, particulièrement sensibles au décloisonnement de l’expérience cubaine. Dans leur manière de s'auto-définir en tant qu'artiste, dans le regard qu'ils portent sur leur trajectoire et leur métier, nous verrons que ces individus procèdent à un bricolage, à une négociation identitaire incessante visant à conférer à leurs actes un sens que la réalité sociale et économique a rendu trouble.La vie et les pratiques professionnelles de ces derniers, les moyens qu’ils mobilisent pour lutter et tenter de vivre de leur musique illustrent à notre avis la société cubaine dans son ensemble, marquée par une grande ambivalence, par le besoin « d’inventer » de nouveaux moyens de subsistance et la nécessité d’assembler des éléments en décomposition ou émergents. / The aim of this research is to provide a number of trends and areas of tension that have emerged or evolved in Cuba after the « special period in peacetime », which can be defined as the most considerably developed social and economic crisis that has struck this country, as a result of the socialist camp collapse in the early 90’s. In order to achieve this, we focus on the experience of musicians seen as ordinary in the city of Havana. It is thanks to the observation of artists in action in their everyday life that we will be able to understand and to capture the depth of this crisis and these large redefinitions it causes. The purpose is to define the consequences of the means that have been mobilized by the Cuba's socialist system in order to get out of this social and economic impasse while safeguarding the social benefits of this revolution, based on its popular legitimacy. If in the end the reforms (the massification of tourism, the gradual increase of liberalizing and economical behaviors, and the dual circulation of currencies...) allowed an economic recovery, they lead to a questioning and entering into contradiction with speeches, prerogatives and ways of life valued by those in power. We will see how areas of tension, emanating from changes (between an idealized past and an uncertain future, between the picture of the genuinely Cuban and non-Cuban, and finally between the people of the revolution and the individual who has his own project) treated by these musicians, especially sensitive to the « decompartmentalization » of the Cuban experience. We will see that these musicians, in the way they define theirselves as artists, in their concept of path in life and profession, effect sweeping changes, constantly negotiating questions of identity to ascribe meaning to what they do in this confused, social and economic reality. In their life and professional practices, the means allocated to fight and to try to make a living with music show in our opinion the Cuban society in its entirety marked by a great ambivalence, the need to find new means of subsistence and to bring these decomposing or emerging elements together.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2012TOU20067 |
Date | 25 September 2012 |
Creators | Villetelle, Marc |
Contributors | Toulouse 2, Peralva, Angelina |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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