Dans une perspective de transfert entre une métropole et l'une de ses colonies et prenant le contre-pied de la thèse de la frontière de Turner, cette étude démontre que le corps médical et la pratique médicale dans la vallée du Saint-Laurent aux 17e et 18e siècles sont demeurés essentiellement français jusqu'à la guerre de l'Indépendance américaine. Une similitude des besoins médicaux et des conceptions de la maladie qui rendent inutile un renouvellement ou une adaptation des savoirs et des pratiques européens; une présence militaire française importante comportant en son sein des chirurgiens et la venue de chirurgiens de navire qui fournissent des membres au corps médical canadien; l'absence d'institutions d'enseignement médical; le faible recrutement de praticiens parmi la population canadienne; le statut colonial du Canada qui favorise les Français au détriment des Canadiens; l'implantation d'institutions hospitalières calquées sur le modèle français et le peu d'influence des Amérindiens au niveau de la médecine officielle, bref tout concourt à donner à l'univers médical canadien un visage typiquement français. Cette influence de la métropole s'est manifestée notamment au niveau des hommes de l'art, du savoir, de la littérature médicale, de la formation, de l'outillage, de la pharmacopée et des techniques. De plus, appuyée par l'Eglise et l'Etat et généralement bien acceptée par la population, la médecine officielle occupe une place importante qui permet à la Nouvelle-France de jouir d'un encadrement médical similaire, voire supérieur, à celui de bien des provinces de la métropole. Au fil des ans, à l'instar de ce qui se passe en Europe, le corps médical connaît une hausse de son statut social et cette évolution se manifeste, entre autres, par le passage de chirurgien-barbier à celui de chirurgien. Si 1760 marque un tournant au niveau politique et militaire et coupe théoriquement le Canada de la France, la véritable coupure sur le plan médical se situe davantage à l'époque de la guerre de l'Indépendance américaine. C'est à partir de ce moment que le corps médical devient plus hétérogène et que les praticiens de la santé militaires britanniques prennent en main, pour un demi-siècle, les destinées de la médecine canadienne. L'ordonnance médicale de 1788 qui découle de ce changement constitue une étape importante dans le processus de professionnalisation du corps médical et d'affirmation au Québec d'un pouvoir médical fort. En l'absence de fonds d'archives de membres du corps médical qui auraient pu contenir des journaux, des livres de comptes et de la correspondance personnelle, cette thèse repose essentiellement sur une étude prosopographique portant sur l'ensemble des membres du corps médical canadien et sur un dépouillement important de sources permettant une meilleure connaissance du contexte médical. / Québec Université Laval, Bibliothèque 2013
Identifer | oai:union.ndltd.org:LAVAL/oai:corpus.ulaval.ca:20.500.11794/17833 |
Date | 11 April 2018 |
Creators | Lessard, Rénald |
Contributors | Bernier, Jacques, Mathieu, Jacques |
Source Sets | Université Laval |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | thèse de doctorat, COAR1_1::Texte::Thèse::Thèse de doctorat |
Format | 2 v. (viii, 795 f.)., application/pdf, application/pdf |
Coverage | Canada, Québec (Province), 17e siècle, 18e siècle |
Rights | http://purl.org/coar/access_right/c_abf2 |
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