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Corps à corps abject : les personnes en situation de handicap, la sexualité et l’handiphilie sous-jacente dans des films gothiques contemporains

Que ce soit en littérature ou en cinéma, bon nombre d’études sur le gothique ont été menées au fil des années. Dans notre thèse, nous nous efforcerons de démontrer la corrélation entre le gothique et la nécessité de certaines formes de transgression, de radicalisme (artistique, esthétique et politique) lorsqu’un sujet (personnage) se retrouve en situation d’altérité. Ces formes de transgression se font par l’entremise du surnaturel que permet le genre du gothique. Ce dernier se voit entre autres marqué par la transgression des limites et des frontières. L’examen de ladite transgression représentera une part importante de notre étude. Les monstres que nous retrouvons dans les œuvres gothiques font fréquemment figure de traduction de bouleversements politiques ou d’inquiétudes sociales face aux divergences par rapport à la norme. Nous nous pencherons donc sur la notion du corps « monstrueux » comme site d’altérité et de menaces surnaturelles. Ce corps peut être individuel, mais aussi social.

Dans le cadre de nos analyses filmiques, nous adopterons une posture postmoderne et posthumaniste, voire transhumaniste. Ayant déterminé au préalable ce que nous entendons par gothique, altérité et transgression, cette posture constituera celle adoptée lors de notre première partie. Tout d’abord, nous ferons en sorte de bien définir ces différents concepts afin de mieux les utiliser dans notre étude de certains films gothiques contemporains et des personnages qu’ils mettent en scène. Dans notre deuxième partie, certains de ces personnages nous permettront de traiter de la question du handicap, notamment en lien avec le gothique du 19e siècle et le corps « abject ». Le modèle médical du handicap sera capital dans l’établissement du rapport entre le corps ayant des limitations fonctionnelles (handicapé) et celui qui est monstrueux, difforme, etc. Nous constaterons qu’il reste un vieux fond de religiosité dans le regard sur le handicap même si le milieu de la réadaptation a pris le relais des « bonnes œuvres » depuis plus d’une centaine d’années.

Incontestablement, certains tabous demeurent tenaces. L’un de ceux-ci concerne la sexualité, bien que ces derniers changent au cours des décennies et de l’évolution humaine. Comme nous le verrons dans notre thèse, il va sans dire que ce tabou concerne autant la sexualité en général que celle des personnes en situation de handicap lorsqu’elle n’est pas réduite au silence ou à des déviances. Conséquemment, des œuvres gothiques ont mis en lumière des préoccupations en lien avec le genre, l’âge, les classes sociales, la race, l’orientation sexuelle et la santé sexuelle. Nous nous jetterons plus précisément un éclairage sur l’handiphilie (une attirance sexuelle pour le handicap) en brossant un portrait d’autres paraphilies au préalable, dont le BDSM (bondage, discipline, domination, soumission, sadomasochisme). Jugeant que l’handiphilie est sous-jacente dans certaines œuvres de notre étude, nous proposerons une nouvelle lecture de films gothiques contemporains tels que An American Werewolf in Paris (1997) de Waller, Underworld (2003) de Wiseman, Underworld : Rise of the Lycans de Tatopoulos, Kiss of the Damned (2012) de Cassavetes et The Shape of Water (2017) de Del Toro. / Whether in literature or cinema, many studies of the Gothic have been carried out over the years. In our thesis, we shall strive to demonstrate the correlation between the Gothic and the need for certain forms of transgression, of radicalism (artistic, aesthetic and political) when a subject (character) finds himself in a situation of otherness. These forms of transgression are achieved through the supernatural, which the Gothic genre makes possible. Among other things, the latter is marked by the transgression of limits and boundaries. Examining this transgression will be an important part of our study. The monsters we find in gothic works frequently represent the translation of political upheavals or social anxieties about deviations from the norm. We’ll be looking at the notion of the “monstrous” body as a site of otherness and supernatural threats. This body can be individual, but also social.

For the purposes of our filmic analyses, we will adopt a postmodern and posthumanist, even transhumanist, stance. Having previously determined what we mean by gothic, otherness and transgression, this will be the stance adopted in our first section. We will begin by defining these concepts so as to be able to use them in our study of certain contemporary gothic films and the characters they portray. In our second part, we’ll use some of these characters to address the issue of disability, particularly in relation to the 19th-century Gothic and the “abject” body. The medical model of disability will be crucial in establishing the relationship between the body with functional limitations (handicapped) and the body that is monstrous, deformed, etc. We’ll see that there’s still an old-fashioned religiosity in the way we look at disability, even if the rehabilitation community has been taking over from “good works” for over a hundred years.

Unquestionably, certain taboos remain tenacious. One of these concerns sexuality, although this has changed over the decades as a result of human evolution. As we will see in our thesis, it goes without saying that this taboo concerns both sexuality in general and that of people with disabilities, when the latter is not reduced to silence or deviance. As a result, Gothic works have highlighted concerns about gender, age, social class, race, sexual orientation and sexual health. We’ll take a closer look at devoteeism (a sexual attraction to disability), by looking at other paraphilias beforehand, including BDSM (bondage, discipline, domination, submission, sadomasochism). Judging that devoteeism underlies certain works in our study, we will propose a new reading of contemporary gothic films such as Waller’s An American Werewolf in Paris (1997), Wiseman’s Underworld (2003), Tatopoulos’ Underworld: Rise of the Lycans, Cassavetes’ Kiss of the Damned (2012) and Del Toro’s The Shape of Water (2017).

Identiferoai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/32774
Date07 1900
CreatorsDesjardins, Patrick
ContributorsPerron, Bernard
Source SetsUniversité de Montréal
Languagefra
Detected LanguageFrench
Typethesis, thèse
Formatapplication/pdf

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