L’Afrique centrale a été marquée par une longue guerre de Trente Ans, des années 1880 aux années 1900, lorsque s’est imposé dans la région l’État indépendant du Congo, propriété privée du Roi des Belges, Léopold II. Cette thèse a pour objectif d’étudier les violences armées à l’œuvre au Congo à la fin du XIXe siècle en s’intéressant à l’expérience des combattants européens partis faire la conquête – les « conquistadors ». Elle se fonde sur l’utilisation d’archives privées (carnets, lettres, souvenirs) mais aussi étatiques (commission d’enquête) ainsi que sur une série d’images produites par ces hommes (dessins, photographies) : ces sources ont permis de brosser une histoire sociale, depuis le départ de ces hommes vers le Congo jusqu’à leur retour en Europe. L’analyse de leurs représentations et de leurs pratiques durant la conquête coloniale révèle l’importance de leur rapport à la nature et à la faune sauvage. Fervents chasseurs, ils définissent les espaces naturels et les populations comme autant d’exemples de la sauvagerie africaine qu’il faut domestiquer et dominer. Cette thèse démontre les liens puissants établis par ces hommes entre la chasse et la guerre de conquête. Aidés par une armée coloniale puissante, la Force Publique, bien armés et se représentant comme des chefs puissants, ces militaires européens développent des pratiques et des gestuelles cynégétiques dont l’objectif est de soumettre les populations, les contraindre au travail forcé et mettre la main sur les chefs rebelles. Cette thèse met notamment en avant le rôle de ce modèle cynégétique dans les guerres du caoutchouc menées par l’État indépendant du Congo et les compagnies privées, et montre l’importance des trophées dans cette expérience combattante. Les liens entre chasse et guerre se retrouvent à leur retour en Europe par l’exhibition d’objets africains et de trophées animaux. / Central Africa has been characterized by a very long thirty years war from the 1880s to the 1900s as the Congo Free State, the private property of the King of the Belgians Leopold II, was built up in the region. This thesis aims at analysing armed violence and conflicts occurring in the Congo area at the end of the 19th Century and studying war experiences of European soldiers involved in the colonial conquest – also named “conquistadors”. This research is based on a various sources such as private archives (letters, memoirs, notebooks), state archives (commission of inquiry) and iconographic material (drawings, photographs), embracing a large social history of those soldiers from their departure to the Congo to their return in Europe. The analysis of their representations and practices during the colonial conquest period reveals one key element, i.e. the importance of their relationship to nature and wildlife. As fierce hunters they define the natural world and populations as many examples of savagery that need to be domesticated and controlled. Thus this research showcases the strong links established by those men between hunting and war of conquest. Those European soldiers think of themselves as powerful chiefs, well armed and helped by a mighty colonial army, the Force Publique. They have developed hunting gestures and practices that helped them to submit indigenous peoples and impose forced labour. This thesis especially argues that such hunting model is very significant in the rubber wars that were led by the Congo Free State and private companies; it also shows the importance of trophies in colonial war experiences. The links between hunting and war are finally well-exemplified back in Europe when those soldiers displayed African items and animal trophies.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2018IEPP0033 |
Date | 10 December 2018 |
Creators | Arzel, Lancelot |
Contributors | Paris, Institut d'études politiques, Audoin-Rouzeau, Stéphane |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | English |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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