Ce mémoire porte sur les certifications de l'agriculture biologique et du commerce équitable. Ces « certifications de l'agriculture alternative » sont définies comme des mécanismes alternatifs de production et de commerce qui permettent (ou prétendent permettre) aux pays du Sud d'améliorer les conditions économiques, sociales et environnementales de leurs agricultures. D'un point de vue théorique, c'est véritablement les termes de « l'échange inégal » que les certifications de l'agriculture alternative visent à modifier. Pourtant, malgré leur succès relatif à cet égard, celles-ci sont considérées par des acteurs du Sud comme de nouvelles normes imposées et contrôlées par les pays du Nord. Serait-il possible que le commerce équitable et l'agriculture biologique, au-delà de leurs bienfaits pour les termes de l'échange, soient des vecteurs de la « régulation inégalitaire »? Actualisant les thèses marxistes, dépendantistes et régulationnistes sur les rapports Nord/Sud, cette recherche porte le questionnement sur les inégalités vers les manifestations politiques de la régulation du commerce mondiale. Le concept de régulation inégalitaire est alors défini comme un rapport social entre le Nord et le Sud s'inscrivant dans les formes institutionnelles de la régulation commerciale et se manifestant dans la dimension de la production des règles et la dimension du contenu des règles. C'est sur la base de l'opérationnalisation du concept de la régulation inégalitaire que les certifications de l'agriculture alternative sont alors évaluées. L'analyse de contenu des cadres normatifs et juridiques structurant les aspects de régulations des certifications de l'agriculture alternative, et l'analyse des représentations de trois groupes d'acteurs impliqués dans ces systèmes permet de montrer que l'agriculture biologique et le commerce équitable ne parviennent pas à contrer la reconstruction de la régulation inégalitaire en leur sein. La logique économique qui est sous-jacente aux certifications de l'agriculture alternative pousse leurs promoteurs à souscrire à différentes sources de crédibilité qui sont autant de manières de réguler davantage ces initiatives. Or, les principes qui sont à la base de cette régulation ont pour conséquence d'éloigner les acteurs du Sud des lieux de participation à l'élaboration des normes dont l'accès leur permettrait de leur rendre celles-ci plus favorables. Face à cette reconstruction de la régulation inégalitaire dans les certifications de l'agriculture alternative, les acteurs du Sud ne peuvent que revendiquer une
« tropicalisation des certifications ». ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Agriculture alternative, Agriculture biologique, Certification, Commerce équitable, Commerce mondial, Échange inégal, Régulation, Sud.
Identifer | oai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QMUQ.3187 |
Date | January 2006 |
Creators | Audet, René |
Source Sets | Library and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada |
Detected Language | French |
Type | Mémoire accepté, NonPeerReviewed |
Format | application/pdf |
Relation | http://www.archipel.uqam.ca/3187/ |
Page generated in 0.002 seconds