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Déterminants et significations des conduites d'hypertravail : une approche psychosociale et systémique- le cas des travailleurs et des travailleuses des secteurs du multimédia et des services informatiques

Tableau d’honneur de la Faculté des études supérieures et postdoctorales, 2015-2016 / Loin de la réduction pressentie du temps de travail et de l’émergence d’une société des loisirs, est plutôt observé, depuis une trentaine d’années, un accroissement du temps consacré au travail pour les travailleurs les plus qualifiés, au Québec comme dans la plupart des sociétés occidentales (Burke et Cooper, 2008; Lapointe, 2005; Lee, 2007). Dans un contexte où les « arrangements temporels » (Thoemmes, 2000) tendent à s’individualiser de façon à mieux prendre en compte les réalités et les besoins des salariés et salariées tout comme ceux des organisations, cette thèse interroge le caractère « volontaire » des conduites d’hypertravail observées chez les travailleurs et les travailleuses des secteurs des services informatiques et du multimédia. Elle s’attarde plus particulièrement aux processus psychosociaux qui sous-tendent la construction de ces conduites. Inscrite au sein d’une approche psychosociale et systémique, notre recherche articule une théorie qui met en résonance les fonctionnements individuel et organisationnel, soutenue par le modèle du Système psychique organisationnel (Aubert et de Gaulejac, 1991), et une théorie de la socialisation plurielle et active, soutenue par le modèle du Système des activités (Baubion-Broye et Hajjar, 1998; Curie, 2000). Opérationnalisée selon une grille articulée autour de cinq niveaux d’analyse (intra-individuel, interpersonnel, positionnel, idéologique et de la tâche et de l’organisation du travail), nous avons mené 34 entretiens biographiques (26 hommes et 8 femmes) auprès de salariés et salariées des secteurs des services informatiques et du multimédia. Les résultats mettent en évidence trois types de processus menant à l’adoption de conduites d’hypertravail ; un cas-type qui illustre un processus de renforcement d’une identité professionnelle de « grand travailleur » ; un cas-type qui rend compte d’un processus de suraffiliation organisationnelle et d’assujettissement de la vie hors-travail; et un cas-type qui expose le maintien d’une conduite d’hypertravail défensive, dans un contexte de mise à l’épreuve organisationnelle. Au final, les résonances particulières observées entre ces niveaux et facteurs nous amènent à souligner l’intérêt de mieux comprendre l’hypertravail en prenant en compte les significations que les individus donnent à leurs conduites, à partir d’un regard diachronique et synchronique. Nous discutons également du caractère dynamique et évolutif de la relation individu-collectif-organisation et du rôle différencié des organisations et des collectifs de travail dans la construction des conduites d’hypertravail. Nous relevons enfin certaines implications des nouvelles pratiques et normes de temps de travail observées dans ces organisations, favorables au développement et au maintien de l’hypertravail. Mots-clés : temps de travail, longues heures de travail, conduites d’hypertravail, articulation travail-vie personnelle, socialisation plurielle et active, domination au travail. / Far from the anticipated decrease in working time and the emergence of a leisure society, we have instead noted, over the last 30 or so years, an increase in the time devoted to work by the most qualified workers, both in Quebec and in most other Western societies (Burke and Cooper, 2008; Lapointe, 2005; Lee, 2007). In a context where “temporal arrangements” (Thoemmes, 2000) tend to be individualized in order to better take into account the realities and needs of both employees and organizations, this thesis questions the “voluntary” nature of patterns of overwork observed among workers in the data processing and multimedia sectors. It focuses in particular on the psychosocial processes underlying the construction of these behavior patterns. As part of a psychosocial and systemic approach, our research is structured around a theory that resonates with individual and organizational operations, supported by the Psychic organizational system model (Aubert and de Gaulejac, 1991), and a theory of a plural and active socialization, based on the Activities system model (Baubion-Broye and Hajjar, 1998; Curie, 2000). Operationalized according to a grid structured around five levels of analysis (intra-individual, interpersonal, positional, ideological, and task and organization of work), we conducted 34 biographical interviews (26 men and 8 women) among workers from the data processing and multimedia sectors. The results highlight three types of processes leading to the adoption of “hyperwork behaviour”: a case study illustrating a process of reinforcing a professional and “super worker” identity; a case study outlining a process of organizational hyper-affiliation and the subjugation of life outside work; and a case study describing sustained defensive overwork behavior, in a context of organizational trial. Lastly, the particular resonances observed among the levels and factors lead us to underline the importance of better understanding overwork by taking into account, from a diachronic and synchronic perspective, the meanings that individuals give to their behavior. We will also discuss the dynamic and evolving nature of the individual-collective-organizational relationship and of the differentiated role of organizations and work collectives in the construction of hyperwork behaviour. We conclude by highlighting certain implications of new work-time practices and norms that help develop and maintain hyperwork behaviour observed in these organizations. Keywords : working time; overwork; hyperwork behaviour; work/non-work articulation; plural and active socialization, domination at work.

Identiferoai:union.ndltd.org:LAVAL/oai:corpus.ulaval.ca:20.500.11794/26738
Date24 April 2018
CreatorsGauthier, Christine
ContributorsFournier, Geneviève
Source SetsUniversité Laval
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
Typethèse de doctorat, COAR1_1::Texte::Thèse::Thèse de doctorat
Format1 ressource en ligne (xxi, 444 pages), application/pdf
Rightshttp://purl.org/coar/access_right/c_abf2

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