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Lire pour comprendre en histoire : pour une didactique de l'interprétation des textes historiques en contexte scolaire

Inscrite dans le domaine de la didactique de l'histoire, cette recherche doctorale s'interroge sur les conditions d'appropriation de la connaissance historique par le texte, au secondaire. Plus spécifiquement, elle s'intéresse à l'influence qu'ont les croyances épistémiques de l'élève sur le mode de lecture qu'il emploie pour traiter l'écrit dans le cadre de sa formation en histoire. La problématique qui sous-tend cette thèse découle d'une contradiction apparente entre les résultats plutôt encourageants des élèves québécois aux évaluations internationales sur leurs habiletés en lecture et l'idée, passablement répandue chez les enseignants d'histoire, que leurs élèves éprouvent de la difficulté à lire. Or, ce paradoxe ne peut être résolu qu'en présentant le traitement de l'écrit comme une activité complexe et finalisée générant des processus cognitifs qui diffèrent selon les objectifs poursuivis par l'élève en classe d'histoire. Le lecteur qui ne fait que saisir et retenir les informations factuelles dans un texte historique en vue d'un examen ne fait pas appel aux mêmes opérations mentales que celui qui souhaite comprendre ce même texte. Le cadre théorique qui soutient cette recherche fait appel à des modèles issus des sciences cognitives. Ceux-ci sont convoqués pour décrire et situer les activités mentales associées à la lecture et, plus spécifiquement, à la compréhension de l'écrit dans le contexte de l'apprentissage de l'histoire. Les concepts de schématisation, d'inférence et de cohérence sont conjugués avec les notions de méthode historique et de pensée historienne afin de mettre en lumière les processus cognitifs générés par la lecture d'un texte historique. Cette recherche est de nature qualitative et pluridimensionnelle. Produites à partir d'une étude de cas réalisée auprès de quatorze (14) élèves de troisième secondaire répartis dans quatre écoles du Québec, les données de l'enquête sont révélatrices des croyances épistémiques de ces derniers à l'égard de l'histoire et de son apprentissage. Faisant appel à divers outils comme l'enquête par questionnaire, la méthode « think aloud » et les entrevues structurées et semi-structurées, elle permet de cerner le comportement des élèves dans des situations de lecture variées. Les résultats de la recherche montrent que les élèves ont tendance à délaisser les activités cognitives favorisant la compréhension de l'écrit au profit d'un simple repérage et saisie d'informations factuelles dans les textes qu'ils ont à lire. Les données collectées semblent donc confirmer que les croyances épistémiques empiristes auxquelles adhèrent la plupart des élèves interrogés font obstacle à leur compréhension des textes historiques. Ce qu'il faut craindre, c'est que le traitement fragmentaire des textes historiques s'installe et devienne un mode de lecture par défaut faisant ainsi obstacle à l'appropriation de la pensée historienne comprise comme une démarche visant à mettre en cohérence les traces du passé. Or, la compréhension de l'écrit repose elle-même sur la mise en cohérence des éléments d'un ou de plusieurs textes. Cela étant, la formation à la compréhension des textes historiques apparaît comme un moyen privilégié pour assurer l'appropriation progressive de la pensée historienne chez les élèves du secondaire. / In the field of social studies, the conditions under which historical knowledge can effectively be learned from text have been debated for several years. However, the research data concerning this issue remain scant. This dissertation seeks to broaden our knowledge of student reading practices by examining the impact of their epistemic beliefs on the way they process the texts from which they learn history at the high school level. The impetus for this research stems from an apparent contradiction between the rather good scores achieved by Quebec students in international assessments of their reading skills and the widely shared notion among history teachers that their students are poor readers. This paradox can only be resolved by viewing reading as a complex and purposeful activity generating cognitive processes that differ according to the goals pursued by the student in his history class. Reading a historical text merely to acquire and retain factual knowledge ahead of an exam does not generate the same cognitive processes as does reading to comprehend that text. The theoretical framework on which the research is based owes a great deal to the conceptual models that have been developed in the field of cognitive science. Thisstudy aims to describe the mental processes that are at work when reading to build historical knowledge and to lay the groundwork for better learning strategies. Concepts such as *situation model*, *inference* and *standards of coherence* are discussed in conjunction those of *historical method* and *historical thinking* to highlight the cognitive processes involved in reading historical texts when learning history. Building on the literature concerning epistemic beliefs and historical thought, a case study was conducted involving fourteen (14) third year students from four different high schools in the Province of Quebec. The survey data reveal their thoughts about history and how they seek to acquire historical knowledge. Various tools such a questionnaire investigating history-specific beliefs, "think aloud" methodology and interviews explored student behavior in various reading situations. The results of this research show that students tend to abandon cognitive activities that promote reading comprehension in favor of the simple identification and retention of factual knowledge in the texts they read. The data collected seem to confirm that the empiricist epistemic beliefs held by most of the students recruited for this study hinder their understanding of historical texts if not of history itself. The results of this study indicate that the participants generally engaged in a fragmentary form of text processing regardless of the task required. If this way of reading historical texts were to become a reading mode by default, the development of historical thinking might well be compromised since building text coherence when reading historical texts mirrors the processes at work in historical thinking itself.

Identiferoai:union.ndltd.org:LAVAL/oai:corpus.ulaval.ca:20.500.11794/142884
Date26 April 2024
CreatorsTrudeau, Michel P.
ContributorsCardin, Jean-François, Blaser, Christiane
Source SetsUniversité Laval
LanguageFrench
Detected LanguageEnglish
TypeCOAR1_1::Texte::Thèse::Thèse de doctorat
Format1 ressource en ligne (xii, 384 pages), application/pdf
CoverageQuébec (Province)
Rightshttp://purl.org/coar/access_right/c_abf2

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