Les attentats du 7 juillet 2005, commis par quatre musulmans britanniques, placent la « radicalisation endogène », processus menant des Britanniques à apporter leur soutien au terrorisme, au centre des préoccupations du gouvernement. Cette recherche s’intéresse au paradoxe que constitue le programme de prévention de l’extrémisme violent (Prevent) formulé après ces attentats : supposé remédier au « manque d’intégration » des communautés musulmanes britanniques dans l’ethos national, il encourage de fait le financement d’initiatives portées par ou pour les musulmans. D’autre part, il prétend œuvrer à la construction de relations de confiance entre musulmans et institutions britanniques, mais place ces relations sous le prisme du contre-terrorisme. Le programme Prevent se place donc sous le signe d’une double ambivalence : renforcement d’une identité exclusive musulmane au lieu de faire primer une identité civique britannique, et « sécuritarisation » des rapports entre musulmans et institutions plutôt que construction d’une relation de confiance. Ce travail postule que ce décalage s’explique par la résurgence d’un cadre différentialiste propre à la Grande-Bretagne, où la société est vue comme composée de groupes ethno-culturels distincts. Ce cadre de pensée, qui a constitué la base des politiques de gestion de la diversité, a été réinvesti par les politiques de contre-terrorisme après 2005 pour « gagner les cœurs et les esprits » des populations dont se réclament les terroristes, et remobilisé par les acteurs de la mise en œuvre de Prevent à l’échelon local. Ce sont les apories de Prevent que sonde ce travail de thèse, en inscrivant cette stratégie dans la filiation des politiques de sécurité et de gestion de la diversité britanniques, et en la confrontant à sa mise en œuvre sur le terrain. / In the wake of the July 7, 2005 London bombings, perpetrated by four British Muslims, the British government devised a policy, Prevent, aimed at preventing “home-grown radicalisation”, that is to say the process by which young Britons come to support and possibly engage in acts of terrorism. This work focusses on two contradictions embedded in Prevent. First, this policy is meant to facilitate the cultural integration of Muslims into the national community, but works in practice as a new mono-ethnic funding stream for which only associations headed by or working with Muslims can apply. Second, it aims at enhancing institutional engagement with Muslims but narrows down such engagement to counter-terrorism purposes. Therefore, Prevent reinforces exclusive forms of identification to a Muslim communal identity instead of favouring inclusion in a wider civic community, and it securitises institutional relations with Muslims rather than fostering trust. It is argued here that such contradictions arise from the legacy of previous approaches of ethnic diversity management in Britain, which are based on the assumption that society is made of distinct groups (communities) defined by their ethnicity. This culturalist pattern, which has been key in the building of anti-discrimination legislation and measures to support cultural diversity, has been reinvested lately by counter-terrorism policies aimed at “winning the hearts and minds” of the populations whose support is sought by the terrorists. It has then been reinforced by the practice of fieldworkers involved in the implementation of Prevent at the local level. This work discusses the implications of the paradoxical nature of the Prevent strategy, tracing it back to the legacy of previous policies and contrasting it with its implementation on the ground.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2014PA030119 |
Date | 01 December 2014 |
Creators | Arènes, Claire |
Contributors | Paris 3, Garbaye, Romain |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | English |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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