Return to search

Ce qu'on préserve pour que le don soit : le don chez les couples québécois avec enfants de la classe moyenne

Cette thèse questionne certains présupposés communs de la sociologie de la famille occidentale du XXIe siècle afin de proposer une vision compréhensive renouvelée des rapports familiaux. Elle montre que sous la perception d’une tendance actuelle à choisir de former ou de dissoudre des liens familiaux selon des souhaits et des appréciations personnelles de sa situation familiale et conjugale, loin de reposer d’abord sur l’intérêt, la domination ou la satisfaction immédiate des désirs, la vie de couple et de famille s’ancre dans des convictions profondes, qui forment un « métarécit » et qui rendent possible que des rapports de don s’établissent entre les membres des familles et des couples. Dans cette démonstration, la théorie du don joue un rôle important, et ce,de trois façons. Cette théorie s’inscrit d’abord en faux contre une tendance actuelle en sciences humaines, et en sociologie de la famille et du couple en particulier, à interpréter les phénomènes sociaux à l’aune de l’intérêt individuel, de la domination et de la satisfaction des désirs égoïstes, tout en dépassant les concepts de« solidarité » ou de « care », également chéris par la recherche actuelle, mais trop imprécis ou trop imprégnés des notions d’intérêt, de justice ou de domination. Ensuite, cette théorie reprend et subsume les principes organisateurs des familles les plus importants et les plus pertinents dégagés par les théoriciens de la famille et du couple depuis environ cent trente ans, de Durkheim à de Singly en passant par Parsons, Becker, Giddens et Kaufmann notamment. Finalement, nous considérons que c’est l’un de ces représentants les plus importants,Maurice Godelier, qui apporte la clé anthropologique nécessaire à la compréhension de ce que nous observons au sein des couples et des familles. Pour que les rapports aimants et solidaires qu’on y observe existent, il faut,en effet, qu’un métarécit du don soutienne les efforts de chacun dans leur perpétuation. Ainsi que le montre cette thèse, bien des auteurs, au fil des décennies, se sont approchés de cette découverte avant quel’individualisme et la recherche de l’intérêt personnel strictement financier en vienne à occuper une grande partie des préoccupations sociologiques, se sont approchés de cette découverte. Mais c’est grâce à la réponse que donne Godelier à « l’énigme du don » (pourquoi donne-t-on et pourquoi rend-on ?) que le rôle du métarécit et des sentiments forts dans le don conjugal et familial prend tout son sens. Le métarécit permet que des sentiments forts existent entre les membres des familles ; et que ces sentiments forts soient préservés. Cette préservation est cruciale, car pour que le don circule, explique Godelier, il faut qu’il y ait un fondement de non circulation,de choses qu’on ne donne pas. En exposant et en analysant les témoignages de 20 membres de couples parentaux de la classe moyenne de la région de Québec, cette thèse montre comment la théorie du don, et plus particulièrement celle de Godelier, permet au mieux de comprendre ce qui se passe chez les couples avec enfants des années 2010. L’intérêt, la domination et la satisfaction des désirs occupent ici une place réelle, mais secondaire. Ce sont les sentiments forts, leur préservation, le métarécit qui les soutient et la circulation du don qu’ils permettent qui, au contraire, figurent à l’avant-plan d’une compréhension plus approfondie de leur expérience familiale et conjugale.

Identiferoai:union.ndltd.org:LAVAL/oai:corpus.ulaval.ca:20.500.11794/40160
Date02 February 2024
CreatorsCloutier, Annie
ContributorsMorin, Dominique
Source SetsUniversité Laval
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
Typethèse de doctorat, COAR1_1::Texte::Thèse::Thèse de doctorat
Format1 ressource en ligne (viii, 255 pages), application/pdf
Rightshttp://purl.org/coar/access_right/c_abf2

Page generated in 0.0016 seconds