Cette thèse porte sur le rôle du compromis politique dans des conflits liés à la pluralité religieuse. Comment prendre une décision collective lorsque le désaccord touche aux convictions religieuses de certains groupes ? Le compromis est défini comme une procédure de prise de décision collective reposant sur des concessions réciproques. Nous en proposons une analyse conceptuelle ainsi qu’une défense de type procédural que nous illustrons par des cas précis de disputes mobilisant des acteurs religieux, en particulier les controverses françaises sur l’objection de conscience au service militaire et sur l’avortement. L’intérêt de réfléchir au compromis en relation avec la pluralité religieuse est l’antithèse supposée entre religion et compromis. Tandis que la politique est souvent décrite comme « l’art du compromis », le religieux est perçu comme le domaine de l’absolu et de l’intransigeance. Notre argument n’a pas pour objectif de confirmer cette assertion ou de l’infirmer : il ne s’agit pas de démontrer que les personnes religieuses sont plus ou moins conciliantes que leurs homologues séculiers. Nous soulignons, en revanche, la valeur procédurale du compromis notamment lors de disputes opposant des acteurs à religieux à une loi de l’État libéral et séculier. Si la politique est bien « l’art du compromis », elle ne se réduit pas au seul marchandage des intérêts. De même, si la religion touche au sacré et au non-négociable, la coexistence et la coopération dans une société plurielle ne se font pas sans concessions. / This dissertation deals with the role of political compromise in conflicts stemming from religious diversity. How can a collective decision be made when disagreement affects the religious convictions of some groups? Compromise is defined as a decision-making procedure based on reciprocal concessions. I propose a conceptual analysis and a procedural defense of compromise which I illustrate with cases of disputes that have mobilized religious actors, especially the French controversies on conscientious objection to military service and on abortion. Reflecting on compromise in relation to religious diversity is interesting because of the putative antithesis between religion and compromise. While politics is often described as the “art of compromise,” religion is perceived as the realm of the absolute and the intransigent. My argument is not intended to confirm or to invalidate this assertion. I do not demonstrate that religious people are more or less conciliatory than their secular counterparts. I emphasize, however, the procedural value of compromise particularly in disputes opposing religious actors and the law of the liberal and secular state. If politics is “the art of compromise,” it can not be reduced to a mere bargaining of interests. Similarly, if religion touches the sacred and the non-negotiable, coexistence and cooperation in a plural society are not achieved without concessions.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2016IEPP0019 |
Date | 11 July 2016 |
Creators | Rouméas, Élise |
Contributors | Paris, Institut d'études politiques, Donegani, Jean-Marie |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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