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Objectivation savante et objet de politiques publiques : les violences interpersonnelles dans les habits neufs de la statistique et de la santé publique (France / Europe / Etats-Unis, 1995-2016) / Science, expertise and public policies : the construction of interpersonal violence as a statistical and public health issue (France / Europe / United States, 1995-2016)

Cette thèse saisit les « violences interpersonnelles » pour en interroger l’étoffe. Pourquoi et comment, depuis la Quatrième Conférence mondiale sur les Femmes de l’ONU (Pékin, 1995), les « violences interpersonnelles » ainsi dénommées dans la recherche et les politiques publiques sont-elles devenues un problème de santé publique et un objet statistique concernant au premier chef les femmes qui en sont victimes ? Pour répondre, j’éprouve la nature et la solidité de cette définition à la fois sanitaire et statistique des violences interpersonnelles. Je mobilise de nombreuses sources statistiques produites dans les deux décennies passées pour en faire un terrain d’enquête. Je me situe entre la sociologie de l’émergence du problème « violences interpersonnelles » et la sociologie des enquêtes. Pour rendre lisibles les sources quantitatives disponibles depuis vingt ans, je conduis mon analyse en entrant dans leurs motifs cognitifs et dans les dispositifs complexes dont elles sont tissées. Je saisis les discordances criantes entre ces sources et mène une comparaison à plusieurs niveaux pour en tirer des conclusions épistémo-pratiques sur : 1) la manière dont s’engage la cognition à travers les instruments de mesure ; 2) la contribution de l’histoire des catégories statistiques et l’histoire institutionnelle dans laquelle celles-ci prennent place depuis la fin des années 1960. Entre mouvements féministes, enquêtes de victimation et enquêtes de santé, entre utilitarisme et droits humains, les violences interpersonnelles demeurent un objet politique et de recherche fracturé, pour lequel le consensus sanitaire apparent contient de nombreuses incertitudes cognitives et politiques. / This dissertation addresses interpersonal violence in order to question the texture it is made of. Why and how has it come that since the 4th UN World Conference on Women (Beijing, 1995), “interpersonal violence” so named in research and public policies have become a public health issue and a statistical matter primarily concerning women as victims? To answer this question, I put the health and statistical content of interpersonal violence to the test. I mobilize numerous statistical sources that have been built during the last two decades, in order to tackle them as a fieldwork. I position my work between the sociology of the emergence of the “interpersonal violence” issue and the sociology of survey research. In order to make the sources that have been available for twenty years easier to understand, I analyze them paying a particular attention to their cognitive motives and the complex arrangements they rest upon. I address the striking gaps between these sources and compare them on several analytical levels in order to draw meaningful epistemological and practical conclusions on: 1) the way cognition is closely related to measurement tools; 2) the contribution of the history of statistical categories and the institutional history in which these categories have been taking place since the late 1960s. Between feminist movements, victimization and health surveys, between utilitarianism and human rights, interpersonal violence remains as a fractured political issue and research topic, about which the apparent public health consensus encompasses numerous cognitive and political uncertainties.

Identiferoai:union.ndltd.org:theses.fr/2016IEPP0046
Date05 October 2016
CreatorsCavalin, Catherine
ContributorsParis, Institut d'études politiques, Rosental, Paul-André, Henry, Emmanuel
Source SetsDépôt national des thèses électroniques françaises
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeElectronic Thesis or Dissertation, Text

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