Les ressorts d’une crise de l’État-nation belge sont avant tout analysés comme la montée croissante des mouvements nationalistes, régionalistes flamands et wallons (Witte, 2011 ; Bitsch, 2004) Ici, la crise s’inscrit prioritairement dans une logique de fragmentation territoriale. D’un État-nation unitaire, centralisé et francophone, la Belgique est devenue officiellement au cours du XX e siècle un État fédéral, composé de trois Régions (Wallonie, Flandre, Bruxelles-Capitale) et de trois Communautés (Française, Flamande et Germanophone). Cette progressive fragmentation de l’État-nation territorial belge s’est doublée d’une logique de confrontation entre deux groupes politiques et identitaires : les Flamands (néerlandophones) et les Wallons (francophones). Dans cette logique de confrontation, c’est la capitale belge, Bruxelles, qui apparaît comme le terrain de jeu conflictuel et l’enjeu territorial entre Flamands et Francophones. Appréhender la crise de l’État-nation belge au prisme de l’enjeu territorial bruxellois nourrit la démarche d’ensemble de cette thèse. L’origine grecque du concept de crise, krisis, fournit des éléments d’analyse essentiels afin de dépasser une approche de l’ébranlement de l’État-nation centrée sur les effets et les situations de blocage. Le concept de crise met en œuvre le couple conceptuel de aporie/poros/kairos. Le poros signifie le passage, l’issue, le chemin. A contrario, l’aporie désigne des situations de blocage et l’absence d’issue. L’aporie, les situations de blocages de l’État-nation belge se matérialisant à Bruxelles, révèlent le paradoxe sur lequel se sont construits les États-nations territoriaux. Dans ce contexte, l’introduction du kairos – l’opportunité - dans cette situation d’aporie se réfère à l’émergence d’un paradigme concurrent au nationalisme méthodologique : le cosmopolitisme méthodologique. Celui-ci se nourrit de l’affirmation et de la reconnaissance de différents mécanismes globaux et urbains, distillant de la diversité au sein des sociétés, se jouant ainsi des paradigmes et des constructions nationales reconnues ou en devenir. Dans cette perspective, cette thèse étudie l’émergence de mouvements urbains comme porteurs de ce cosmopolitisme méthodologique dans un ensemble de pratiques politiques, sociales et spatiales. Plus spécifiquement, cette recherche porte sur le mouvement bruxellois, regroupant aujourd’hui une partie de la société civile et des partis politiques à Bruxelles, et dont l’objectif est de proposer une alternative à la montée croissante des nationalismes en Belgique, mis en concurrence au sein de l’espace bruxellois. / This work analyzes the patterns of the crisis of the Belgian Nation-state and its territorial fragmentation in the light of the rise of nationalist movements (Witte, 2011 ; Bitsch, 2004). From a centralized, French-speaking and unitary Nation-State, Belgium became, during the 20th century, a federal state. The Belgian federal state gathers three Regions (Wallonia, Flanders, Brussels Capital-Region) and three Communities (French-speaking, Flemish and German-Speaking). This progressive territorial fragmentation was coupled with a confrontation between political groups with strong identity claims: the Flemish (Dutch speaking) and Walloon (French speaking). Amidst this confrontation Brussels appears as a conflicting territorial issue between the Flemish and the French-Speaking Community. This work aims precisely to understand the crisis of the Belgian Nation-State through the role of and issues at stake with Brussels. The Greek origin of the concept of crisis, krisis, provides cornerstone elements to overcome an approach centered on the nation-state ‘blocking effects’. The relations among aporia/kairos/poros structure the concept of krisis. The poros means the outcome, the way out. In contrast, aporia reflects a deadlock situation and the lack of solutions. In the context of our study, the introduction of kairos – i.e. opportunity – refers to the emergence of a methodological cosmopolitan paradigm (Beck, 2003). It refers to the affirmation and recognition of urban and global mechanisms, distilling diversity within societies. In this perspective, this thesis focuses on the emergence of urban movements who are supporting methodological cosmopolitanism in a set of political, social and spatial practices. More specifically, it researches how the Brussels’ urban movement brings together the civil society and political parties to offer an alternative to the increasing rise of nationalism in Belgium
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2016BOR30010 |
Date | 10 May 2016 |
Creators | Berzin, Marion |
Contributors | Bordeaux 3, Vrije universiteit Brussel (1970-....), Di Méo, Guy, Corijn, Eric, Bassens, David |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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