Au cours du XXe siècle, plusieurs publications ont fait naître des réflexions sur les changements à apporter dans la réinsertion sociale des contrevenantes (Bertrand, 2002). Toutefois, peu de distinctions au sein des écrits existent entre le retour en collectivité des hommes et des femmes malgré la présence de divers obstacles oppressants (inégalités des genres, l'exposition à la violence, etc.) qui freinent, spécifiquement, le retour en communauté des femmes. Une grande majorité des recherches sur le sujet se limite généralement aux contrevenants et généralisent leurs conclusions à l'ensemble des personnes en démarche de réinsertion sociale, laissant de côté les particularités qui distinguent la réalité des femmes (Gagnon, 2006). Il apparait donc pertinent de documenter la réinsertion sociale des femmes au Québec, telle que vécue par celles-ci, afin d'appréhender leurs réalités, comprendre leurs trajectoires et leurs besoins et explorer différentes pistes d'action à promouvoir dans leurs parcours. L'intersectionnalité et la phénoménologie proposent d'explorer la réalité des femmes ayant des besoins de réinsertion sociale en tenant compte de la singularité de chaque femme, ainsi que de la pluralité des expériences de violence et d'oppression selon leurs perspectives et compréhensions. En collaboration avec le Centre Femmes aux 3A, un organisme offrant des services à des femmes en démarche de réinsertion sociale, le discours de douze usagères et quatre intervenantes a été approfondi lors d'une entrevue semi-structurée afin de mieux illustrer comment s'opère, concrètement, le processus de réinsertion sociale chez les femmes marginalisées par la délinquance. Les résultats des analyses démontrent que les trajectoires de victimisation et d'isolement social sont dépeintes comme des éléments nuisant à la sécurité émotionnelle, l'identité, l'appartenance et la compétence des femmes. La consolidation de ces besoins semble fondamentale pour accroître le pouvoir d'agir des usagères et permettre leur intégration sociale. Pour ce faire, accueillir ces femmes, apprendre à les connaitre et à les amener à se connaitre elles-mêmes, ainsi que leur donner accès à l'information sont tous des éléments phares à encourager au sein des interventions. Nos analyses démontrent qu'une redéfinition de la réinsertion sociale chez les femmes semble pertinente aux yeux des usagères elles- mêmes et des intervenantes. Une co-construction entre les différents acteurs permet de concrétiser ce processus, faciliter l'atteinte des objectifs de chacun et finalement, diffuser les différentes manières de remplir cette mission. Cette nouvelle conceptualisation doit s'inquiéter du continuum violence- oppression qui maintient les femmes en marge, promouvoir un partage des responsabilités au sein de la collectivité et finalement, miser sur la reprise du pouvoir d'agir des femmes. / During the twentieth century, many publications have brought out reflections concerning the changes to be made in the social reintegration of women offenders (Bertrand 2002). However, even today, the state of knowledge remains neglected in the literature. Not much distinction exists in the writings concerning the return of men and women to the community despite the presence of various structural issues (gender inequalities, exposure to violence, etc.) which specifically hinder the return to the community of women. A large majority of research on the subject is limited to offenders and generalizes their conclusions to all people in the process of social reintegration, leaving aside the particularities that distinguish the women reality (Gagnon 2006). It therefore appears relevant to document the social reintegration of women in Quebec, as experienced by them, in order to understand their realties, their trajectories, their needs, in order to promote different avenues in their reintegration efforts. Intersectionality and phenomenology propose to explore the reality of women with social reintegration needs taking into account the uniqueness of each woman, the plurality of experiences of violence and oppression according to their perspectives and understandings. In collaboration with the CF3A, an organization concerned with the women's reality in the process of social reintegration, the views of twelve women in this process of social reintegration and four workers has been analysed during a semi structured interview in order to better illustrate how, in concrete terms, the process of this reintegration operates among the women marginalized by delinquency. The results of the analyzes show that the trajectories of victimization and social isolation are depicted as elements that undermine women's emotional security, identity, belonging and competence. The consolidation of these needs seems fundamental to increase the women's power in this process and allow their social integration. To do this, welcoming these women, getting to know them and getting them to know themselves, as well as giving access to information are key elements to be encouraged within the interventions. Our analyses show that a redefinition of social reintegration among women seems relevant for the users themselves and for the workers. A collaboration between different actors makes it possible to define this process, to facilitate the achievement each one's objectives and finally, to disseminate the different ways of fulfilling this mission. The new conceptualization must be concerned with the violence-oppression continuum that keeps women on the margins, promote a sharing of responsibilities within the community and ultimately, focus on the empowerment.
Identifer | oai:union.ndltd.org:LAVAL/oai:https://corpus.ulaval.ca:20.500.11794/102245 |
Date | 18 October 2022 |
Creators | Tessier-Juneau, Marie-Pier |
Contributors | Euvrard, Elsa |
Source Sets | Université Laval |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | COAR1_1::Texte::Thèse::Mémoire de maîtrise |
Format | 1 ressource en ligne (viii, 129 pages), application/pdf |
Coverage | Québec (Province) Québec., Québec (Province) |
Page generated in 0.0028 seconds