Dans le cyberespace, les distinctions entre les différentes acceptions du mot code deviennent poreuses : le code juridique cède le pas au code informatique dans son rôle coercitif, le code informatique possède la même étoffe qu'un code secret pour l'utilisateur moyen, etc. L'hypothèse principale de ce mémoire est qu'on doit laisser de côté la représentation traditionnelle du hackeur en tant que pirate informatique pour n'adopter que la stricte définition suivante : le hackeur est un manipulateur de code, quel que soit ce code. Selon André Belleau, « l'institution [...] agit comme le code des codes. » En conséquence, il devient possible de considérer les mouvements d'avant-garde du siècle dernier comme des hackeurs d'avant l'heure puisqu' ils ont relevé le pari qu'en contestant et en renouvelant les codes esthétiques institutionnels, ils transformeraient dans la foulée les codes politiques de leur société. À la suite de l'analyse des multiples manifestes produits par le hackeur au cours de son histoire, on peut rétrospectivement émanciper sa praxis hors de l'étroite sphère informatique où on l'avait relégué pour lui faire investir l'ensemble des champs de l'activité humaine. Prospectivement, on peut affirmer que si le transvasement de l'institution culturelle vers le cyberespace s'effectue sur un mode conflictuel, c'est en raison d'une difficulté pour le code institutionnel de s'amalgamer au code informatique. Là où l'avant-garde artistique au sens traditionnel s'essouffle, le hackeur prend le pas et produit quantité d'œuvres qui procèdent de la manipulation d'un code et ce faisant, mettent en tension des enjeux spécifiques à ce code. On pourrait par exemple considérer les œuvres distribuées sous licence Creative Commons comme un hack du langage juridique utilisé pour formuler le droit d'auteur, lequel hack remet en question la relation institutionnalisée entre l'éditeur et l'auteur. Le repliement du code de la langue sur le code du langage de programmation dans le poégramme, ou poème-programme, pourra par ailleurs constituer la preuve que l'informatique n'est pas qu'un véhicule d'expression artistique, au contraire qu'on y trouve en son cœur l'Art et la Beauté.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : avant-garde, code, cyberespace, hackeur, Internet, institution, manifeste, ordinateur
Identifer | oai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QMUQ.5076 |
Date | 01 1900 |
Creators | Legault, Jean-François |
Source Sets | Library and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada |
Detected Language | French |
Type | Mémoire accepté, NonPeerReviewed |
Format | application/pdf |
Relation | http://www.archipel.uqam.ca/5076/ |
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