Toute action humanitaire en République Populaire Démocratique de Corée (RPDC) nécessite le soutien total de l’Etat nord-coréen avec lequel il faut négocier les conditions de distribution de l’aide à sa population. De cette dépendance naissent pour les agences humanitaires de nombreux dilemmes et risques : en acceptant de se plier aux conditions drastiques imposées par les autorités nord-coréennes, ne contribuent-elles pas à soutenir un régime considéré comme premier responsable des souffrances de sa population, et ne violent-elles pas les principes éthiques sur lesquels se base leur action ? Ce dilemme a poussé plusieurs organisations à partir de RPDC, parmi lesquelles Médecins Sans Frontières en 1998.En outre, l’importance des enjeux politiques et stratégiques sur la péninsule coréenne incitent les principaux pays bailleurs de fonds en RPDC à utiliser très souvent l’aide humanitaire dans un but politique. Cette instrumentalisation est lourde de conséquences pour les travailleurs humanitaires sur le terrain, contraints à agir dans un espace humanitaire remarquablement réduit.Quinze ans après les départs très médiatisés de plusieurs agences, six ONG européennes résidentes à Pyongyang maintiennent des programmes d’assistance à une population dont les besoins humanitaires restent immenses. Ces ONG ont adopté des stratégies de contournement qui leur ont permis de travailler sur le terrain dans le respect de leur charte éthique et qui leur ont permis, à force d’interactions ininterrompues avec leurs interlocuteurs nord-coréens, d’assouplir les contraintes sévères qui leur sont imposées. Ce travail de recherche consiste à détailler et analyser ces stratégies. / Any humanitarian action in the Democratic People’s Republic of Korea (DPRK) requires the full support of the North Korean state, with which the conditions of aid distribution to the population must be negotiated. From this dependence arise many dilemmas and risks for the aid agencies, including whether by complying with the drastic constraints imposed by North Korean authorities they are unwillingly helping sustain a regime that is primarily responsible for the sufferings of its population and concerns that this may violate the ethical principles at the core of their aid efforts. This dilemma obliged several aid organizations, including Doctors Without Borders in 1998, to completely cease aid activities in the DPRK.Moreover, given the political and strategic importance of the Korean Peninsula, primary donor states of the DPRK tend to use aid as political leverage. This use of aid significantly affects the aid workers on the ground, who find themselves constrained and working in a remarkably reduced humanitarian space.Fifteen years after the highly publicized departure of several aid agencies, six European NGOs residing in Pyongyang continue to provide assistance programs to a population whose humanitarians needs remain largely unmet. These NGOs have adopted dilemma-circumventing strategies which allow them to work while adhering to their ethical codes of conduct and, thanks to constant interactions with their North Korean counterparts, to soften the severe constraints to which they are subjected. These strategies will be detailed and analyzed in this research.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2013INAL0023 |
Date | 02 December 2013 |
Creators | Ojardias, Frédéric |
Contributors | Paris, INALCO, Maurus, Patrick |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | English |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text, Image |
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