Le mélanome cutané est un cancer très agressif, responsable de 80% des décès liés aux cancers de la peau. Le mélanome métastatique (MM) est souvent résistant à la radiothérapie et aux chimiothérapies. Sa progression est majoritairement initiée par des mutations oncogéniques des gènes BRAF et NRAS activant la voie de prolifération MEK/ERK. Le MM est difficile à traiter malgré le succès de nouveaux traitements (thérapies ciblant l’oncogène BRAFV600E et immunothérapies), qui sont cependant limités à certains patients. De plus l'émergence de résistances ne permet pas d’obtenir une réponse durable, ce qui incite à rechercher de nouvelles cibles tumorales. Dans les cellules cancéreuses, l’accumulation d’altérations génétiques et le fort index prolifératif accroissent leur addiction aux mécanismes de contrôle de la qualité du protéome, comme le système ubiquitine-protéasome (UPS). L’UPS comprend une machinerie protéolytique (le protéasome 26S) et un réseau d’enzymes régulant l’ubiquitination de protéines cibles. La réaction enzymatique de retrait de l’ubiquitine est la déubiquitination, réalisés par de protéases spécifiques appelées DéUBiquitinases (DUBs). Malgré l’importance des DUBs dans de nombreuses situations pathologiques comme le cancer, leur implication dans la physiopathologie du mélanome est mal connue. Afin d’identifier des DUBs dont l’activité est modulée dans le mélanome, nous avons utilisé une méthode d’étiquettage biochimique in vitro des DUBs actives (‘’DUB trap assay’’) qui nous a permis d’identifier USP14 (Ubiquitin Specific Protease 14) dont l’activité est augmentée dans nos lignées de mélanome par rapport aux mélanocytes. USP14 est associée physiquement au protéasome, avec un rôle important sur la protéostasie cellulaire en général. L’analyse de données bioinformatiques publiques confirme l’importance de USP14 dans le mélanome en associant l’expression du gène USP14 à la progression du mélanome et à un mauvais pronostic. Nous avons ensuite montré que cibler USP14 par des approches génétique (siRNA) ou pharmacologique (inhibiteurs de l’activité) a un effet anti-mélanome in vitro et in vivo, associé à une accumulation de protéines polyubiquitinées, générant un stress du réticulum endoplasmique, la dépolarisation de la mitochondrie et une production de ROS, aboutissant à une mort indépendante des caspases. Cet effet cytotoxique est obtenu indépendamment du statut mutationnel des protéines oncogéniques (BRAFV600E, NRAS, NF1), des suppresseurs de tumeurs (TP53, PTEN), du niveau de résistance aux thérapies ciblées ou du statut phénotypique des mélanomes. Ces résultats indiquent que USP14 représente une nouvelle cible thérapeutique pertinente dans le mélanome. Dans la continuité de ces travaux, j’ai cherché à identifier d'autres DUBs pouvant jouer un rôle dans la prolifération et la survie des cellules de mélanome en réalisant le criblage d'une banque de siRNA ciblant 90 DUBs sur une lignée de cellules de mélanome. Outre le fait de confirmer l’implication de USP14 dans la prolifération du mélanome, ce criblage génétique révèle que la déplétion d’une autre DUB associée au protéasome a un puissant effet antiprolifératif sur les cellules de mélanome. Nos travaux préliminaires montrent que le ciblage de cette nouvelle DUB se traduit par un arrêt de prolifération suivi d’une mort cellulaire associée à des dommages à l’ADN in vitro et in vivo. Dans l’ensemble, mes travaux de thèse révèlent un rôle essentiel des DUBs associées au protéasome dans la prolifération et la survie du mélanome, et ouvrent la piste à de nouvelles stratégies thérapeutiques ciblant les mécanismes aberrants de la protéostasie tumorale de ce cancer. / Non communiqué
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2018AZUR4219 |
Date | 07 December 2018 |
Creators | Didier, Robin |
Contributors | Côte d'Azur, Deckert, Marcel |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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