Cette thèse s’intéresse à la relation complexe entre processus ascendants (bottom-up) et processus descendants (top-down) dans la compréhension de l’oral L2 ; c’est-à-dire entre l’utilisation du signal sonore et de l’input linguistique d’une part, et l’intégration de connaissances diverses (linguistiques, discursives, pragmatiques, générales) d’autre part. Malgré de nombreux travaux en psycholinguistique, en acquisition des langues étrangères (L2) et en didactique (par exemple, Cutler & Clifton, 1999 ; Field, 2008; Rost, 2002 ; Brown, 1990), notre connaissance des processus cognitifs complexes de l’écoute ainsi que l’effet de certains facteurs sur la compréhension de l’oral restent à approfondir. Une appréciation plus fine de ces processus est indispensable aux questions relatives à l’enseignement et à l’apprentissage de la compréhension de l’oral en L2.Partant du principe que l’écoute a la même architecture cognitive en L1 et L2, nous commençons par un résumé – et une synthèse – des modèles psycholinguistiques récents de la compréhension de l’oral en L1. Nous examinons également les principaux facteurs rendant la compréhension difficile. Notre résumé des études en L2 consacrées au rôle de l'information descendante et au comportement stratégique des auditeurs L2 souligne la contribution importante de la métacognition. Nous tenterons donc ici de clarifier un certain flou terminologique qui caractérise ces travaux, et nous proposerons un modèle qui fait part de la métacognition dans la compréhension unidirectionnelle de l’oral en L2. Nous présentons ensuite les résultats d'une étude que nous avons menée pour analyser la contribution exacte de certains facteurs à l'écoute en L2.Les participants à cette étude sont des enseignants (n=23) et surtout des apprenants (n=226) français et tunisiens de l’anglais. En s’appuyant sur des méthodes multiples, à la fois quantitatives (différent tests et questionnaires) et qualitatives (questionnaires, tâches de réflexion à haute voix - Ericsson & Simon, 1993 - et de dévoilement graduel - gating, Grosjean, 1980), nous nous interrogeons: 1) sur les facteurs perçus par les apprenants et les enseignants comme étant déterminants dans la compréhension de l’anglais oral ; 2) sur la contribution relative de la compétence linguistique en L2, la discrimination auditive, la reconnaissance lexicale, et les compétences en méta-compréhension à une compréhension auditive réussie; 3) sur les problèmes que rencontrent nos auditeurs L2 lors de l’écoute, et sur les comportements stratégiques adoptés pour y faire face. Nous regardons plus particulièrement (pour ces différents paramètres) les différents niveaux de compétence en compréhension des sujets (avec une analyse poussée des auditeurs compétents et des auditeurs moins-compétents), ainsi qu’à de possibles influences de deux langues maternelles distinctes (français vs arabe tunisien). Nos analyses montrent : 1) ce que les apprenants et les enseignant perçoivent comme facteurs influant la compréhension de l’oral diffère relativement de ce qui la rend réellement problématique; 2) que la reconnaissance des mots et la connaissance lexicale contribuent significativement à la variation dans la compréhension, avec la reconnaissance des mots étant le prédicteur le plus fort ; 3) que les problèmes rencontrés en temps réel sont principalement de bas-niveau (segmentation de la parole), et que si les stratégies généralement contribuent à la compréhension, elles ne sont pas discriminatoires. Ce qui distingue donc l’auditeur expert du novice est son traitement formel (plus efficace et automatique) et non pas stratégique de l’information orale. Ces résultats sont discutés en rapport avec notre cadre théorique et selon une perspective pédagogique. / This thesis focuses on the complex relationship between bottom-up and top-down processes in L2 speech comprehension; i.e. between the use of the signal and the linguistic input on one hand, and the integration of various types of knowledge (linguistic, discourse, pragmatic, general) on the other hand. Despite a large body of research on the cognitive processes underlying listening in psycholinguistics, foreign language (L2) acquisition and teaching (e.g., Cutler & Clifton, 1999; Field, 2008a; Rost, 2002; Brown, 1990), there are still gaps in our understanding of these processes and the impact certain factors have on listening comprehension. Assuming that L1 and L2 listening follow the same cognitive architecture, we first review recent psycholinguistic models of L1 listening. We also examine the main factors constraining L2 listening comprehension. As our summary of the few SLA studies that have investigated the role of bottom-up information and the strategic behavior of L2 listeners points to the important contribution of metacognition, we clarify the terminological fuzziness characterizing this concept, and propose a model of metacognition in real-world unidirectional L2 listening. We then present the results of a study that we conducted to investigate the exact contribution of these different factors to L2 listening. The participants in this study were EFL French and Tunisian teachers (n=23) and learners (n=226). Using mixed quantitative (different tests and questionnaires) and qualitative (protocol analysis and gating experiments - Ericsson & Simon, 1993; Grosjean, 1980) methods, our aim was to investigate: 1) the factors perceived by learners and teachers as influencing L2 listening; 2) the relative contribution of linguistic knowledge, auditory discrimination, spoken word recognition (SWR), and meta-comprehension knowledge to successful L2 listening; 3) on-line listening problems and strategy use. For all of these parameters, we looked more closely at different levels of listening proficiency (various analyses of the performance of skilled and unskilled L2 listeners), as well as the possible influence of the two L1s (French and Tunisian Arabic) involved in the study.Our analyses show that: 1) there is a general discrepancy between what is perceived as making L2 listening difficult and what really renders it problematic; 2) SWR and vocabulary knowledge contribute significantly to the variance in L2 listening, with SWR being a stronger predictor; 3) listening problems encountered on-line are mainly lower-level (segmentation) and, although strategies contribute to speech comprehension, they are not discriminatory. What characterizes a proficient L2 listener seems to be accurate formal processing, not strategic processing of oral input. The findings are discussed from a theoretical and pedagogical perspective. Keywords: listening comprehension, French and Tunisian learners of L2 English, bottom-up and top-down processes, formal processing, integration and situation model, attentional resources, gating, protocol analysis, comparative analysis
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2015PA080041 |
Date | 27 November 2015 |
Creators | Zoghlami, Naouel |
Contributors | Paris 8, Hilton, Heather |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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