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La Chine face à l'Angleterre et la Russie aux XVIIe-XVIIIe siècles : évaluation comparative des attitudes de la dynastie Qing sous l'angle des modalités de l'actualisation frontalière

Cette thèse propose une évaluation comparative des attitudes de la dynastie Qing face à l’Angleterre et la Russie aux XVIIe – XVIIIe siècles, particulièrement autour de l’ambassade Macartney de 1793 et de la ratification des Traités de Nerchinsk (1689) et de Kiaktha (1727). Plusieurs réponses ont été proposées par les historiens pour tenter d’expliquer pourquoi les Mandchous ont accepté de signer des ententes frontalières avec la Russie, tout en refusant systématiquement de négocier quoi que ce soit avec l’Angleterre. Plutôt que d’ajouter une autre voix à la recherche d’explications des causes de ces divergences à partir d’une essentialisation de la culture et de la tradition chinoises, nous croyons que ces attitudes s’inscrivent toujours dans la contingence des rencontres et qu’elles reproduisent d’importantes similitudes selon des modalités particulières. Ces modalités se retrouvent au cœur d’une dynamique identitaire que nous appelons l’actualisation frontalière, faisant la part entre l’intérieur et l’extérieur, se trouvant à la jonction de l’affirmation territoriale et des processus de légitimation politique. Selon notre modèle théorique de l’actualisation frontalière, les relations diplomatiques de la dynastie Qing aux XVIIe – XVIIIe siècles doivent d’abord se lire comme des relations frontalières qui reproduisent une certaine constance, davantage en fonction de l’intensité de l’éloignement et de la complexité géopolitique, plutôt qu’en fonction des institutions ou des règles prescrites, des configurations territoriales, des événements ou même des spécificités des populations impliquées. Cette perspective nous permet de reconnaître des similitudes stratégiques dans la fluctuation des réactions et des attitudes de la dynastie Qing, reproduisant les mêmes dynamiques face à l’Angleterre et la Russie, mais aussi à l’occasion, face aux Hollandais, Dzungares, Portugais, Solons, Khalkhas, ainsi que face aux Chinois des provinces du littoral. Notre modèle théorique apparaît comme un filtre frontalier, reposant d’abord sur l’intégration par le Trône des populations périphériques, à cheval entre l’intérieur et l’extérieur du territoire de l’Empire Qing, demeurant le creuset sur lequel se fondent toutes les attitudes, les représentations et les stratégies à l’égard de l’étranger. / This thesis proposes a comparative evaluation of Qing dynasty’s attitudes toward England and Russia during the 17th – 18th centuries. Historians have offered number of answers trying to explain why the Manchus have accepted to sign frontier agreements with Russia in 1689 and 1727 (Treaty of Nerchinsk and of Kiaktha) while refusing systematically to negotiate anything whatsoever with England during the Macartney Embassy of 1793. Instead of adding another voice to a type of research based on trying to find causes for the explanation of different attitudes, which are too often leading to essentializing Chinese culture and traditions, we’re trying to show how attitudes toward strangers are always rooted in contingencies and how they reproduce important similarities according to specific modalities. Those modalities are at the heart of a dynamic process of political self-identification that we call frontier actualization. This frontier actualization plays the crucial role of a filter separating and distinguishing the realm of the Inner and the Outer, and is to be found at the junction of territoriality and political legitimization. Through the lens of this dynamic filter, one can recognize that attitudes and strategies of the Qing dynasty toward strangers are reproducing the same pattern, according to the intensity of the distance toward central power and geopolitical complexities, rather than according to a prescribe set of rules and institutions, traditions, territory, events, and also the populations involved. Because diplomatic strategies are first rooted in the process of integrating peripheral populations, it is possible to recognize a similar pattern in the fluctuating attitudes toward England and Russia, but also toward Dzungars, Khalkhas, Holland, Solons, and even toward the Chinese population living on the different frontiers of the Empire.

Identiferoai:union.ndltd.org:LAVAL/oai:corpus.ulaval.ca:20.500.11794/26277
Date23 April 2018
CreatorsDéry, Carl
ContributorsLi, Shenwen
Source SetsUniversité Laval
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
Typethèse de doctorat, COAR1_1::Texte::Thèse::Thèse de doctorat
Format1 ressource en ligne (xviii, 293 pages), application/pdf
Coverage17e siècle, 18e siècle, 1644-1912, 1644-1912 (Dynastie mandchoue)
Rightshttp://purl.org/coar/access_right/c_abf2

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