De Toussaint Louverture à Fanny – l'héroïne du roman de Marie Ndiaye En Famille– l'emploi et la réception des mots « noir » ou « nègre » correspondent soit à une lutte de la reconnaissance réciproque entre le maître et l'esclave soit à la révolte du sujet noir qui impose son droit à la parole ou encore au déni de cette lutte pour fonder un projet sociétal qui ne repose plus sur l'occultation de l'Autre mais sur un dialogue interculturel. Au XIXème siècle, contrairement aux textes scientifiques qui réifient le sujet nègre afin de le catégoriser, la littérature, quant à elle, promeut l'interaction et l’intersubjectivité en mettant en scène l'appréhension du sujet noir et du sujet blanc au sein de la métropole. L'expérience de l'Ailleurs se vérifie aussi en France où les sujets s'interrogent sur leurs places respectives dans l'espace commun. Si ce siècle est marqué par des valeurs européo-centristes qui rejettent l'humanité du sujet noir, le XXème siècle, quant à lui, révèle, une parole nègre qui les conteste en revendiquant sa dignité. Cependant, les désillusions des indépendances et des départementalisations découvrent aussi bien les limites de l'européocentrisme que celles de cette parole nègre car les essentialismes n'enraient ni la solitude ni le désarroi de l'être. Dans les textes littéraires, scientifiques et politiques, la production et la réception des mots « noir » et « nègre » témoignent des tentatives d'émancipation de la domination de l'Autre pour constituer une poétique et un projet sociétal qui s'appuie sur l'éthique d'un dialogue entre les cultures et entre les genres. / From Toussaint Louverture to Fanny – the heroine of Marie NDiaye novel’s En famille – the use and reception of these words refer either to a struggle for recognition between mas-ters and slaves or to the uprising of the black man who imposes his right to the freedom of speech or the denial of this struggle in order to found a society project which no longer relies on the obliteration of the Other but on an intercultural dialogue. In 19th century, despite the scientific texts reifying the Black man in order to categorize him, literature promotes interac-tion and intersubjectivity by portraying the apprehension of Blacks and Whites. Experiencing each other in France is questioned within a common space. Whereas this century marked by Eurocentrism values denying the humanity of the Black man, the 20th century reveals that the Negro speech puts into question these values by claiming his dignity. After the Second World War however, the independence and the departmentalization brought disillusion, revealing both the limits of Eurocentrism and the word Negro since essentialisms have neither the soli-tude nor the dismay in being. In literature, science and politics, the production of the words « black » and « negro » and its response bears witness to the attempts of the emancipation from the Other’s domination to create a common poetics and society based on a project effi-cient dialogue between culture and genders.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2017LARE0023 |
Date | 19 June 2017 |
Creators | Montrésor Timpesta, Pascale |
Contributors | La Réunion, Marimoutou, Jean-Claude Carpanin |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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