Par son recours à diverses formes d’expression, Unica Zürn (1916-1970) redynamise l’espace de la feuille en le faisant activement participer à l’écriture de soi. Le « je » semble en effet se démultiplier grâce à des jeux « anagrammatiques » sur les divers signes mobilisés, qu’ils soient alphabétiques, picturaux ou musicaux. L’autoreprésentation s’inscrit alors au sein d’une œuvre pluridisciplinaire inusitée, qui renouvelle l’esthétique quelque peu « essoufflée » du mouvement surréaliste.
Cette attitude vis-à-vis de la feuille, où plusieurs signes « décomposables » et « recomposables » se partagent l’espace, est observable tant dans l’œuvre littéraire que picturale d’Unica Zürn. Le processus de création par la lettre, le trait et la note de musique, tend à revaloriser le support matériel utilisé par l’effacement des frontières entre les disciplines artistiques, qui appelle un regard distancié du lecteur/spectateur sur l’œuvre.
Afin d’interpréter les travaux de Zürn dans la pluralité des moyens artistiques qui y sont déployés, l’approche intermédiale sera favorisée. Dans le premier chapitre de ce mémoire, il s’agira d’abord de voir comment s’articule un certain dialogue entre le discours des chercheurs de l’intermédialité et l’œuvre d’Unica Zürn. Le rapport à l’objet sera notre porte d’entrée dans la matière intermédiale. Par un retour à la matérialité de l’expérience médiatique, nous constaterons que Zürn met à l’avant-scène les instruments et supports de la création, ce qui mène à une représentation distorsionnée de soi, de l’espace et du temps.
Une fois le parallèle établi entre les concepts de l’intermédialité et les travaux de Zürn, nous nous concentrerons sur le pan musical de l’œuvre pluridisciplinaire de l’auteure-artiste. Le second chapitre traitera de l’intrusion du sonore dans l’univers textuel, qui se fera notamment par la réappropriation de l’opéra Norma, de Vincenzo Bellini. Cette réécriture s’intitule Les jeux à deux et prend une distance considérable par rapport au texte originel. Elle s’accompagne de dessins effectués par l’auteure-artiste à même les partitions de l’opéra.
Le regard multiple posé sur l’œuvre zürnienne permettra de comprendre que l’écriture palimpseste participe du processus d’autoreprésentation, tout en élaborant un discours sur la rencontre entre littérature, dessin et musique, ainsi que sur l’influence de cette juxtaposition sur le débordement des frontières médiatiques traditionnelles. / Having recourse to many forms of expression, Unica Zürn (1916-1970) revitalizes the space of the sheet by having it take an active part in the individual writing. The “I” seems to increase thanks to “anagrammatic” games on the many mobilized signs, whether they are alphabetical, pictorial or musical. The self-representation is inspired by an unusual multidisciplinary work, which renews the aesthetics, somewhat “worn”, of the surrealist movement.
This attitude towards the sheet, where many “decomposable” and “recomposable” signs share the space, is observable in Unica Zürn’s literary work as well as in her pictorial work. The process of creation through the letter, the stroke and the musical note tends to reassert the value of the material support used by the abolition of the boundaries among the artistic disciplines, which calls for a distanced look from the reader/spectator on the work.
In order to interpret Zürn’s work in the plurality of the artistic means that are deployed, the intermedial approach will be favoured. In the first chapter of this dissertation, we will see how a certain dialog is structured between the views of the intermediality’s researchers and Unica Zürn’s work. The relation to objects will be our entry point in the intermedial subject. Through a return to the materiality of the media-related experience, we will notice that Zürn puts at the forefront the instruments and the supports to the creation, which leads to a contorted representation of oneself, space and time.
Once the parallel established between the intermediality’s concepts and Zürn’s work, we will focus on the musical aspect of the author-artist’s multidisciplinary work. The second chapter will deal with the intrusion of sound in the textual universe, which will occur through the reappropriation of the Vincenzo Bellini’s opera “Norma”. This revising is called “Les jeux à deux” and is significantly different from the original text, and is paired with drawings made by the author-artist directly on the opera’s partitions.
The multiple look placed upon the zurnian work will allow to understand that the palimpsest writing takes part in the self-representation process, through elaborating a view regarding the interrelation of literature, drawing and music, as well as the influence of this juxtaposition on the overflow of the traditional media boundaries.
Identifer | oai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/5956 |
Date | 06 1900 |
Creators | Larivière, Fanny |
Contributors | Oberhuber, Andrea |
Source Sets | Université de Montréal |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Thèse ou Mémoire numérique / Electronic Thesis or Dissertation |
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