A la suite des travaux de Becker (1955), de nombreuses analyses économiques se sont consacrées à la description, à l’explication, à la mesure – voire à la résorption – des discriminations. Ces recherches se sont d’abord intéressées aux discriminations raciales et de genre sur le marché du travail, puis ont, par la suite, concerné d’autres groupes discriminés et d’autres domaines d’application – comme le marché des prêts immobiliers ou l’accès au système scolaire. Se sont ainsi constitués un domaine d’analyse, une littérature théorique et un important corpus empirique. La première partie de la thèse est consacrée aux modèles théoriques qui ont tenté d’expliquer les discriminations. Les conditions d’énonciation du concept – les “catégories de la différence” et la norme de non-discrimination – émergent au tournant des XIXème et XXème siècles et constituent la pré-histoire de l’économie des discriminations (Chapitre 1). Gary S. Becker est le premier à proposer une modélisation microéconomique du phénomène dans le sillage de l’émergence d’une “économie du travail analytique” (Chapitre 2). Les théories de la discrimination statistique, initiées séparément par Kenneth J. Arrow et Edmund S. Phelps, ont ensuite apporté d’autres explications aux discriminations, fondées sur le manque d’information sur les caractéristiques économiques des individus (Chapitre 3). La deuxième partie de la thèse est consacrée l’histoire de la controverse entre mesure directe et mesure indirecte des discriminations, et aux enjeux méthodologiques de la quantification et de la preuve des discriminations. La technique de décomposition salariale dite Oaxaca-Blinder constitue la première mesure empirique étudiée en économie (Chapitre 4). Cette méthode indirecte sera remise en perspective par l’émergence des expérimentations de laboratoire et de terrains sur les discriminations (Chapitre 5). Enfin, trois “régimes d’expertise” utilisant l’économie des discriminations sont analysés : le conseil au Prince à travers la position politique de Friedman sur les politiques raciales dans les années 1960; l’évaluation quantitative des politiques d’anti-discrimination et d’affirmative action; et l’utilisation des analyses de décomposition salariale dans les cours de justice (Chapitre 6). La problématique de la thèse consiste à délimiter ce qui, dans l’histoire de la pensée récente, est spécifique à l’économie des discriminations. Du point de vue de l’histoire des méthodes, l’économie des discriminations est une illustration des évolutions générales de la discipline. De plus, l’étude de la discrimination a été une des voies par laquelle le renouveau du traitement de l’information en économie s’est effectué : de la prise en compte des défauts d’information aux effets de signal, des conséquences de l’appartenance de groupe à la modélisation de l’identité. / No English summary available.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2014PA010095 |
Date | 17 December 2014 |
Creators | Chassonnery-Zaïgouche, Cléo |
Contributors | Paris 1, Cot, Annie Louise |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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