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Représentation du corps et anorexie mentale : de l'intégration sensorielle à l'action : approche neurocognitive du phénomène de distorsion corporelle

La capacité de juger ses propres actions se trouve être perturbée dans l'anorexie mentale (AM). Les patientes souffrant d'anorexie mentale surestime notamment le seuil de passabilité d'une ouverture (par rapport à un groupe témoin) lors d'une simulation ou d'un franchissement d'ouverture réelle. Ces données sont en accord avec les plaintes des patientes qui se sentent plus grosses qu'elles ne le sont en réalité. Le jugement des patientes est perturbé lorsqu'elles adoptent une perspective en première personne (j'effectue l'action), mais reste préservé lorsque la perspective est en troisième personne (je regarde un sujet effectuer l'action). Ces résultats suggèrent une atteinte spécifique du schéma corporel et non d'une perturbation globale des jugements perceptifs.Cette surestimation du schéma corporel dans l'AM pourrait être liée à l'existence d'un trouble de l'intégration multisensorielle, l'élaboration d'un schéma corporel harmonieux résultant de l'intégration des afférences visuelles, tactiles, proprioceptives et vestibulaires. Une corrélation existe entre la baisse des performances comportementales et l'intensité des troubles de l'alimentation, qu'il s'agisse de la recherche de minceur, des préoccupations corporelles et de l'insatisfaction générée. Les perturbations corporelles ainsi que les répercussions comportementales engendrées pourraient induire un renforcement des comportements alimentaires restrictifs.Les performances des patientes sont liées à la fois à leur perte de poids au cours des mois précédents et à leur poids avant la décompensation. Ce résultat pourrait appuyer l'hypothèse d'un défaut d'actualisation du schéma corporel, les modifications morphologiques engendrées par une perte de poids rapide et massive n'étant pas prises en compte par le système nerveux central. L'AM touche essentiellement les jeunes femmes entre 15 et 19 ans. De véritables bouleversements physiologiques et psychologiques se produisent lors de la puberté, ayant un impact sur le schéma corporel. Les variations de poids induites par les troubles du comportement alimentaire pourraient venir renforcer ces perturbations. L'étude des phénomènes neurologiques, tel que le syndrome du membre fantôme, pourraient faire la lumière sur ce point. En effet, de nombreuses personnes amputées continuent à ressentir la présence d'un membre fantôme après amputation. Beaucoup de modèles explicatifs ont émergé ces dernières années. L'un d'eux postule une certaine inadéquation entre la rétroaction sensorielle du fantôme et les régions corticales représentant le membre. Dans l'AM, un conflit similaire pourrait se produire entre un schéma corporel antérieur n'ayant pas pris en compte les variations pondérales et la rétroaction sensori-motrice. Ainsi, les patientes se trouveraient enfermés dans un corps plus gros.

Identiferoai:union.ndltd.org:CCSD/oai:tel.archives-ouvertes.fr:tel-00828513
Date21 December 2012
CreatorsGuardia, Dewi
PublisherUniversité du Droit et de la Santé - Lille II
Source SetsCCSD theses-EN-ligne, France
Languagefra
Detected LanguageFrench
TypePhD thesis

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