Notre thèse porte sur l’artisanat et le commerce rural entre 1890 à 1960, période correspondant à l’apogée et au déclin de ces secteurs d’activités. A ce titre la vie de travail de plusieurs familles de petits entrepreneurs a été étudiée : le cadre de la petite entreprise familiale gérée par un couple épaulé par ses enfants avec ou sans employé permet de faire l’histoire relationnelle de ces travailleurs. Ainsi cette étude met au jour le rôle décisif des femmes à la tête de leur propre activité ou aux côtés de leur époux puisqu’elles concilient le travail de l’atelier ou de la boutique, l’éducation des enfants et les tâches domestiques, sans quoi l’entreprise familiale ne peut exister. En découvrant le quotidien de ces femmes, on déconstruit l’image de l’épouse secondant son mari dans son métier tout en rappelant les inégalités bien réelles des relations entre les sexes.Au total 8 huit entreprises et dix secteurs d’activité ont été étudiés grâce à la pluriactivité de familles drômoises et bourbonnaises. Le fait qu’elles traversent les mêmes étapes dans leurs carrières – l’apprentissage, l’installation, le choix du conjoint, le développement de stratégies de travail, la transmission –, rend possible la comparaison entre elles. Les deux principales entreprises retenues sont celles des Bardet correspondant à un restaurant-café-hôtel-bal-épicerie-quincaillerie proche de Moulins en activité de 1896 à 1975 et celles des Thivolle correspondant à une menuiserie-pompes-funèbres-mercerie-chapellerie à 30 km au nord de Valence entre 1900 à 1968. A cela s’ajoute l’histoire de six autres familles d’artisans commerçants drômoises permettant d’aborder d’autres activités telles que la coiffure, la mécanique ou la bourrellerie.Ce corpus permet l’étude de la répartition familiale des tâches entre les époux, les enfants et les ascendants. Cette thèse s’inscrit dans un courant d’étude large concernant non seulement l’égalité professionnelle mais aussi les enjeux du commerce rural de proximité. Il s’agit d’une étude économique et sociale portant sur les problématiques relationnelles de genre, la vie des petites entreprises et la sociabilité au village mettant en œuvre de nombreuses pistes de recherche : viabilité des activités, démographie des ateliers ou boutiques qui en vivent, associations d’artisans-commerçants, combinaison d’activités, pluriactivité, flexibilité de la petite entreprise, transmission héréditaire en ligne masculine, devenir des autres enfants, etc. A cela s’ajoute un croisement des disciplines (sociologie, ethnologie, géographie, économie, histoire) permettant l’étude de cette population en l’intégrant dans un panorama économique et social.Les résultats produits par ces travaux témoignent de la sortie d’une condition paysanne pour les premier artisans-commerçants des familles étudiées. Ils révèlent certains aspects des secteurs d’activité : l’épicerie, la mercerie et les cafés informent sur l’évolution des habitudes de consommation des ruraux en pleine mutation à travers l’augmentation du nombre de points de vente sédentaires dans la commune, la sortie de l’autosubsistance des paysans et la diversification des produits industriels proposés à la vente. Ils révèlent l’extrême pluriactivité de ces familles au début du siècle avant une spécialisation grandissante dans l’organisation de leur travail. Ils mettent au jour le conditionnement de la vie de ces travailleurs et de leurs enfants par leur entreprise : leur parcours de vie étant défini par les exigences d’organisation du travail, économiques, de transmission, etc. afin d’en assurer la pérennité. Ils rendent compte de la forte implication des artisans-commerçants dans la vie des villages et du rôle joué par leurs activités professionnelles dans la construction de la sociabilité villageoise. Enfin, ils informent sur la place précaire des femmes dans ce secteur mais aussi sur l’importance de leur rôle induits par les contraintes de genre et les contraintes économiques. / Our thesis focuses on crafts and rural trade between 1890 and 1960, a period corresponding to the peak and decline of these lines of businesses. As such, the working life of several families of small entrepreneurs has been studied: the framework of the small family business managed by a couple supported by their children, with or without an employee, allows the relational history of these workers to be made. Thus, this study reveals the decisive role of women at the head of their own activity or alongside their husbands since they reconcile the work of the workshop or boutique, the children’s education and domestic tasks, without which the family business cannot exist. By discovering the daily lives of these women, we deconstruct the image of the wife assisting her husband in his profession while underlining the very real inequalities in gender relations.A total of 8 eight companies and ten sectors of activity were studied thanks to the multi-activity of families from Drôme and Bourbonnais. The fact that they go through the same stages in their careers—learning, settling in, choosing a spouse, developing work strategies, transferring knowledge—allows for a comparison to be made. The two main companies selected are the Bardet family, respectively a restaurant/café/hotel/ball/grocery shop/ironmongery near Moulins, which operated from 1896 to 1975, an the Thivolle family, respectively a joinery/funeral director/haberdashery/millinery 30 km north of Valence, between 1900 and 1968. In addition, there are six other families of Drome artisans and merchants who offer other activities such as hairdressing, mechanics and saddlery. This corpus allows the study of the family division of tasks between spouses, children and ascendants. This thesis is part of a broad line of study concerning not only professional equality but also the challenges of local rural trade. This is an economic and social study on gender relational issues, the life of small businesses and sociability in the village, which implements many research avenues: viability of activities, demographics of the workshops or boutiques that make a living from them, associations of artisans and merchants, combination of activities, multi-activity, flexibility of small businesses, systematic male inheritance, becoming of other children, etc. In addition, the disciplines (sociology, ethnology, geography, economics, history) are intertwined to allow the study of this population by integrating it into an economic and social framework.The results produced by this work show that the first artisan merchants of the families studied disengaged themselves from a previous peasant condition. They reveal certain aspects of the sectors of activity: grocery shops, haberdashery and cafés provide information on the evolution of the consumption habits of rural people in full change through the increase in the number of sedentary sales outlets in the commune, the farmers’ departure from self-sufficiency and the diversification of industrial products offered for sale. They reveal the extreme multi-activity of these families at the beginning of the century before a growing specialization in the organization of their work. They reveal the conditioning of the lives of these workers and their children through their business: their life course being defined by the requirements of work organization, economics, transfer of knowledge, etc. in order to ensure their sustainability. They reflect the strong involvement of artisanal traders in village life, and the role played by their professional activities in building village sociability. Finally, they provide information on the precarious position of women in this sector but also on the importance of their role induced by gender and economic constraints.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2019LYSE2023 |
Date | 30 March 2019 |
Creators | Peytavin, Lucile |
Contributors | Lyon, Mayaud, Jean-Luc |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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