Cette thèse, ancrée dans les travaux des géographes féministes, postcoloniaux et sur les classes populaires, porte sur les trajectoires et appartenances de femmes sans-papiers parties seules, originaires d’Afrique subsaharienne et du Maghreb en région parisienne. Elle s’appuie sur une enquête ethnographique menée de fin 2009 à 2016 auprès de 52 femmes. Le premier mouvement de cette thèse s’intéresse, à partir d’une réflexivité attentive à la position de sexe, « race » et classe de l’apprentie ethnographe, aux formes et modalités de la conscience des dominant•e•s, ici celle d’une jeune femme blanche hétérosexuelle de la petite bourgeoisie provinciale et à son implication dans l’enquête. Le deuxième mouvement de cette thèse analyse les discours et pratiques de deux types d’accompagnatrices qui encadrent au quotidien les interlocutrices : les psychologues et assistantes de l’action et de l’urgence sociale. L’arrivée en France soumet les interlocutrices à une nouvelle géographie de l’intime : celle d’une retraduction de soi dans les catégories d’entendement dominant de la société d’accueil, autour de la psychologisation des difficultés sociales et des représentations postcoloniales de la condition des femmes « africaines » et « arabes ». Au regard de ces figures et d’une existence sans droits, comprendre comment ces femmes font face à ces contraintes constitue le troisième mouvement de cette thèse. La méthode ethnographique – permettant de restituer les conditions de possibilité des discours et pratiques des interlocutrices – et l’approche par trajectoire, appartenances et pratiques matérielles se sont révélées fécondes pour montrer les différenciations sociales entre ces femmes et leur positionnement pluriel sur différentes scènes (militante, résidentielle, du travail et du projet migratoire). De la matérialité des lieux aux pratiques spatiales en passant par l’appropriation de l’espace, de l’espace privé à l’espace public, de l’ancrage local à la mise en mobilité forcée dans les dispositifs du « 115 », du corps à la construction du chez-soi, au quartier, à la ville et aux frontières de la nation, l’approche géographique a permis d’affiner l’analyse / My dissertation draws on feminist and postcolonial geographies and the literature on working classes, and analyses the trajectories and senses of belonging of women with no legal status who have migrated alone from Subsaharan Africa or Maghreb to the region of Paris. The empirical ethnographic investigation was carried out between late 2009 and 2016 and involved 52 women. The first section of the dissertation reflexively examines the position in terms of gender, race and class from which the ethnography is conducted, and the awareness of the dominant position I had in this research as a young white heterosexual woman from the lower middle class of the French provinces. The second chapter deals with the discourses and practices of two types of women who accompany migrant women on a daily basis: psychologists and social workers. The women have a new geography of intimacy assigned to themselves as they arrive in France : their experiences are constructed according to the dominant categories of understanding of the society of arrival, their social difficulties are depicted as psychological and they are described in terms of postcolonial representations of the condition of « African » and « Arabic » women. The third section of the work looks at the ways in which, faced with these stereotypes and with the denial of rights, the migrant women resist these constraints. Ethnographic methods unearth the determinants of these women’s discourses and practices, along with an emphasis on trajectories and experiences of belonging, and material practices. They cast light on the social differenciations between these women and their multi-location on different scenes (that of activism, that of residence, that of work and their migration project). A geographical approach allows for a contextual, in-depth analysis of the materiality of places, spatial practices and appropriation, between public and private space, from rootedness in the local to the enforced mobility of seeking housing with the emergency services (115), from body to home, from neighbourhood to city and to the borders of the nation
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2017PESC1130 |
Date | 13 June 2017 |
Creators | Le Bars, Joanne |
Contributors | Paris Est, Hancock, Claire, Weber, Serge |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | English |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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