Ce mémoire vise à analyser les parcours universitaires d’étudiants montréalais d’origine haïtienne, qui représentent un des groupes les plus susceptibles de décrocher. Au moyen d’une posture épistémologique interprétative-critique, nous avons tenté d’identifier les facteurs qui entravent ou qui facilitent les parcours universitaires de ces étudiants. En nous basant sur la théorie raciale critique et de l’approche par les capabilités d’Amartya Sen (2000) et de Martha Nussbaum (2012), nous avons analysé un total de dix entretiens semi-dirigés menés auprès de cinq étudiants, afin de voir si les rapports sociaux de race et les rapports de pouvoir inégaux jouent sur leurs parcours. Ces entretiens sont issus de données secondaires s’inscrivant dans un projet de recherche plus large portant sur les inégalités de parcours dans l’enseignement supérieur et qui s’intéresse aux cas des étudiants racisés. Dans un premier temps, nous nous sommes penchées sur le sens que les étudiants montréalais issus de la communauté haïtienne donnent aux situations de racisme, de discrimination en milieu socioscolaire et universitaire, ainsi que sur la manière dont les rapports de pouvoir inégaux influençent leurs parcours. Dans un deuxième temps, nous avons analysé la manière dont les facteurs de conversion influencent leurs fonctionnements. On compte trois types de facteurs de conversion : environnementaux (liés à l’environnement géographique ou aux infrastructures), individuels (liés aux caractéristiques, aptitudes et aspirations individuelles) et socioculturels (normes, relations et rapports sociaux). Ils correspondent à ce qui influence un individu à utiliser une ressource ou un bien et peuvent avoir des versants positifs et négatifs. Les résultats vont dans le même sens que la littérature existante au sujet des étudiants issus de groupes racisés et révèlent diverses expériences racisantes, microagressions rencontrées par ces étudiants tout au long de leurs parcours scolaire et académique. Des stratégies comme la création de counterspaces ou le role flexing sont utilisées par les étudiants afin de contrer le sentiment d’aliénation ressenti et afin de mieux naviguer au sein du système. Les facteurs de conversion de type socioculturel se révèlent centraux dans l’analyse des façons d’être et d’agir de ces étudiants. Les recommandations qui émanent de notre analyse se rapportent surtout à l’importance d’un meilleur travail de sensibilisation auprès des acteurs des établissements scolaires et postsecondaires quant aux réalités des communautés racisées, notamment en termes de microagressions et de situations de racisation. / This thesis aims to analyze the postsecondary pathways of Montreal universities’ students of
Haitian descent, who represent one of the groups that are most likely to drop out. Using a criticalinterpretative
epistemological stance, we tried to identify the factors that may impede or facilitate
their pathways.
A framework combining the critical race theory and Amartya Sen and Martha Nussbaum’s
capabilities approach allowed the examination of social relations of race and unequal power
relations, and their influence on racialized students’ pathways. We first looked at the meaning
Montreal students of Haitian descent gave to racializing situations in social and academic
environments, as well as the way unequal power relations influence their experience. Then, we
analyzed how conversion factors influenced the use of resources put at their disposal. Conversion
factors inhibit or encourage the transformation of their characteristics into functionings, and can
either be environmental, personal or social.
The empirical material analyzed is based on 10 qualitative interviews conducted with five
undergraduate students. The analysis of the data demonstrates that racialized students experience
many forms of microaggressions and racialization during their pathways in the schools, cegeps
and universities they attended. They use different strategies such as role flexing or creation of
counterspaces to navigate the system better and to counter the feeling of alienation they sometimes
feel. Social conversion factors occupy a central place in the analysis of ways of being and acting
of our participants, compared to environmental and personal conversion factors.
The recommendations that emanate from our analysis mainly relate to the importance of awareness
raising among school and universities stakeholders as to racialized students’ realities, especially
in terms of microaggressions and racializing situations.
Identifer | oai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/25701 |
Date | 08 1900 |
Creators | Valade, Véronique |
Contributors | Magnan, Marie-Odile |
Source Sets | Université de Montréal |
Language | fra |
Detected Language | French |
Type | thesis, thèse |
Format | application/pdf |
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