Cette thèse s’inscrit dans la perspective de faciliter la mise en place de l’enseignement explicite dans les cours de solfège de niveau collégial. Bien que l’efficacité de cette approche pédagogique soit largement démontrée dans la littérature en éducation, les connaissances disponibles pour la mettre en oeuvre dans les cours de formation auditive demeurent très limitées. Les recherches précédentes ont laissé de nombreuses questions en suspens : 1) un seul cadre stratégique a été proposé aux enseignants, mais n’a jamais été validé empiriquement ; 2) nous ne connaissons pas quelles sont les principales approches stratégiques des étudiants ; 3) nous ne comprenons pas bien la contribution des expériences musicales dans la réussite en formation auditive ; 4) nous ne savons presque rien au sujet des relations qui existent entre les stratégies utilisées, les caractéristiques des étudiants et la réussite en solfège. Pour répondre à ces quatre problèmes, nous avons mené un projet de recherche auprès de 285 étudiants en musique de niveau collégial s’étant inscrits dans un cours de formation auditive jazz ou classique. Durant deux semestres, tous les participants ont été invités à remplir trois questionnaires visant à documenter leurs expériences musicales ainsi que leur utilisation de stratégies d’apprentissage en solfège. Leurs réponses ont ensuite été analysées à la lumière des renseignements apparaissant dans leur dossier scolaire (habiletés scolaires générales, tests d’admission en musique). Quarante-et-un participants ont également pris part à une rencontre individuelle supplémentaire comprenant un test de lecture à vue chantée, une tâche de classification de stratégies (Q Method) ainsi qu’une courte entrevue. Ces données ont ensuite été analysées pour caractériser les approches stratégiques des étudiants. Afin de valider le cadre stratégique proposé aux enseignants, nous avons réalisé des analyses factorielles à partir des deux questionnaires relatifs aux stratégies. Elles ont révélé l’existence de onze regroupements de stratégies et nous ont conduit à proposer un nouveau cadre pédagogique comprenant les catégories suivantes : mécanismes de lecture (décodage des hauteurs, modèles schématiques, analyse musicale, aides extérieures) ; lecture à vue chantée (préparation, performance) ; répétitions individuelles (gestion des répétitions, techniques de répétition, intériorisation) ; soutien à l’apprentissage (métacognition, socio-affectivité). Afin de caractériser les approches stratégiques des étudiants, nous avons ensuite réalisé des analyses factorielles à partir des classements de stratégies réalisés par les étudiants (Q Method). Elles ont révélé l’existence de trois approches stratégiques distinctes reposant sur trois conceptions complémentaires des finalités du solfège : acquérir des habiletés techniques, comprendre la musique, et développer une oreille musicale. Aucune de ces approches n’est liée à la performance en solfège, mais elles entretiennent néanmoins des liens significatifs avec les habiletés scolaires, les connaissances théoriques et l’expertise musicale. Ces résultats suggèrent que l’adoption de ces différentes approches pourraient évoluer avec l’entraînement musical. Afin de mieux comprendre la contribution des expériences musicales dans la réussite en formation auditive, nous avons aussi réalisé des régressions multiples avec introduction séquentielles des prédicteurs. Elles ont montré que les expériences musicales influençaient la réussite en formation auditive principalement par l’intermédiaire d’habiletés musicales acquises en analyse musicale, en lecture musicale ainsi qu’en représentation des hauteurs sonores. Les résultats suggèrent que ces habiletés se développeraient à travers les expériences musicales formelles, notamment les leçons individuelles d’instruments faisant usage de la lecture musicale ainsi que par l’intermédiaire des expériences musicales collectives. La plupart des différences observées entre les instrumentistes sont attribuables au niveau d’expertise musicale ainsi qu’à la connaissance de la notation musicale. Afin d’étudier les relations qui existent entre les stratégies utilisées, les caractéristiques des étudiants et la réussite en solfège, nous avons enfin réalisé des analyses bivariées ainsi que des analyses multivariées. Les analyses bivariées ont montré que l’utilisation des stratégies était liée à plusieurs caractéristiques individuelles : genre, habiletés scolaires, oreille absolue, expériences musicales informelles, expériences musicales collectives, connaissances en théorie musicale, connaissance de la notation musicale et instrument principal. Les analyses multivariées ont révélé que les stratégies contribuaient faiblement mais significativement à la réussite en solfège. Les stratégies de lecture à vue chantée relatives à la situation de performance étaient directement liées à la réussite en solfège, tandis que les stratégies métacognitives et les stratégies d’analyse jouaient un rôle de médiation dans la relation entre certains prédicteurs de la réussite et les résultats obtenus en solfège. / This doctoral dissertation reflects the desire to sustain the implementation of explicit strategy instruction in sight-singing pedagogy. Over the last decades, educational research has shown many benefits of strategy instruction, but only a few studies have focused on sight-singing strategies. The have left several outstanding issues : 1) the one framework for strategic instruction that have been proposed relies chiefly on qualitative analysis and has not yet been validated empirically with a larger population; 2) no study has yet managed to fully investigate the strategic approaches of music students in the learning of sight-singing; 3) we know very little about the strategies employed by college music students in the context of sight-singing acquisition, the factors contributing to their use, and their relationships with sight-singing outcomes; 4) current literature does not allow to fully appreciate the contribution of music experiences in the aural skills competence. This doctoral dissertation addresses these issues. A total of 285 college-level music students were recruited from jazz and classic aural skills classes. Over two semesters, all participants were required to fill out three questionnaires intended to assess their music background and their use of sight-singing strategies. Answers they give were combined with school records data (academic and music achievement) to predict the sightsinging grades. Forty-one of these students also volunteered to attend 90-minute individual meeting where they were asked to perform a sight-singing test, to carry out a Q Sort strategy classification task, and to conduct a short interview. Data were analysed to characterise the strategic approaches used to learning sight-singing. Factor analysis revealed eleven components grouped in four major themes: reading mechanisms (pitch decoding, external support, common melodic patterns, music analysis), sight-singing (preparation, performance), personal practice (practice management, internalization, rehearsal techniques), and learning support (socio-affective, metacognition). Q Method analysis revealed three main strategic approaches: sight-singing as a technical skill, sight-singing as a means to foster musical understanding, and sight-singing as a tool to develop a musical ear. Post-hoc analyses indicated that these strategic approaches do not provide a valid typology of music students; rather, they represent underlying conceptions of sight-singing learning goals that are likely to evolve according to an individual’s musical training. Multiple regressions revealed that the influence of music experiences on aural skills were mostly mediated through music theory, notational knowledge, and absolute pitch. These music skills were more likely to be acquired in formal music learning settings, such as individual instrument lessons involving music notation and enriched collective music programs. Most aural skills differences found among instrumentalist groups were accounted by music background. However, better aural skills performance in pianists were not fully accounted by the background factors investigated. Bivariate analysis shown that strategy use is related to several individual characteristics: gender, academic achievement, absolute pitch, informal music experiences, collective music experiences, piano playing, knowledge in music theory, and notation knowledge. Multivariate analysis indicated that spontaneous strategy use offers a small but significant contribution to the overall prediction of sight-singing grades. Strategies relative to sight-singing performance were directly related to sight-singing grades while other strategies were mediating the relationships between individual characteristics and sight-singing grades.
Identifer | oai:union.ndltd.org:LAVAL/oai:corpus.ulaval.ca:20.500.11794/39089 |
Date | 05 April 2024 |
Creators | Fournier, Guillaume |
Contributors | Durand, Claire, O'Neill, Susan A., Moreno Sala, Maria Teresa |
Source Sets | Université Laval |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | thèse de doctorat, COAR1_1::Texte::Thèse::Thèse de doctorat |
Format | 1 ressource en ligne (xi, 136 pages), application/pdf |
Rights | http://purl.org/coar/access_right/c_abf2 |
Page generated in 0.004 seconds