Malgré les efforts déployés depuis les années 60 par les pays africains, la plupart des systèmes d'enseignement n'ont pas atteint en l980 les objectifs qui leur avaient été assignés. Cet échec est dû pour une bonne part à la déperdition d'effectifs, phénomène qui affecte à des de grés divers tous les pays du monde. Elle se manifeste notamment par les abandons prématurés des cycles d'études et les redoublements de cours. Le rendement de l'enseignement s'en trouve sérieusement affecté. Dans le cas des études primaires au Cameroun, le coût de formation d'un sortant est multiplié par 2,04 et celui d'un diplômé par 5,4, ce qui correspond à un gaspillage énorme des ressources humaines et financières. Les études entreprises sur cette question se sont pour la plupart limitées à la description statistique. Si cette catégorie d'études a eu le mérite de faire prendre conscience de sa portée, elle n'a pas permis la solution du problème puisque les responsables se contentent de passer directement du diagnostic à la cure alors que la logique voudrait que l'on identifie d'abord les causes avant de proposer des solutions. Celles qui se sont penchées sur les causes, soit elles n'utilisent pas de méthodologies appropriées à la recherche des causalités et à l'analyse des phénomènes complexes, soit elles sont bien menées mais sont localisées hors d'Afrique, ce qui limite la validité de leurs résultats ici. Quelles sont les principales causes des abandons prématurés et des redoublements dans l'enseignement primaire au Cameroun? Lesquelles des variables individuelles, sociales et scolaires sont les plus déterminantes dans la déperdition scolaire en cours d'études primaires au Cameroun? Telles sont les principales questions auxquelles cette étude s'est proposé de répondre. Vingt-quatre variables identifiées comme personnelles, sociales et scolaires ont servi à l'élaboration d'un modèle explicatif. Selon ce modèle, les trois catégories de variables se combinent pour affecter dans cet ordre d'importance et logique les déperditions. Pour vérifier ces hypothèses, un échantillon au hasard stratifié selon le milieu géographique urbain, semi-urbain et rural et selon le secteur d'enseignement public, privé catholique et privé protestant a été constitué dans 32 écoles de l'Ouest Cameroun. Pendant quatre années, cet échantillon de 256 élèves a été enquêté pour déterminer le nombre de redoublements, l'abandon ou la persévérance scolaire. Des informations ont été recueillies auprès de leurs parents pour mesurer le statut social, l'attitude des parents face à l'école, les conditions d'étude au foyer, le nombre d'enfants dans la famille, le nombre d'épouses du père, les rangs de naissance chez le père et chez la mère, et l'existence des parents. Les huit variables individuelles étaient l'âge d'entrée à l'école, le sexe de l'élève, le niveau de satisfaction personnelle, l'aspiration scolaire, la discipline de l'élève à l'école, sa fréquentation scolaire, son estime personnelle, et ses transferts. Huit variables scolaires ont été mesurées durant cette période; il s'agit de la qualification des maîtres, de l'équipement des locaux, de l'encombrement des classes, de l'éloignement de l'école par rapport à la résidence de l'élève, de la quantité de scolarité de son école, de l'intensité des sanctions positives et négatives dans la classe et des coûts privés de l 'école. Le test chi-carré pour les observations indépendantes et deux techniques statistiques multivariées; l'analyse de régression multiple et l'analyse discriminante multiple ont été utilisé. Le niveau de signification .05 était retenu pour l'acceptation des hypothèses. Les principaux résultats révèlent que sur le plan individuel, les élèves de sexe masculin, ayant de faibles aspirations scolaires, indisciplinés, ayant de mauvais résultats scolaires, absentéistes et changeant fréquemment d'école sont ceux qui redoublent et abandonnent le plus les études primaires. Les élèves admis très tôt à l'école sont ceux qui redoublent le plus. Sur le plan social, il apparaît une relation statistiquement significative entre le statut social d'origine de l'élève d'une part, ses redoublements et son abandon prématuré des études d'autre part. Les indicateurs culturels ont les poids les plus élevés de cette influence. L'attitude négative des parents face à l'école et les mauvaises conditions d'étude offertes à la maison affectent aussi la promotion et la persévérance dans les études. Sur le plan scolaire, la sous-qualification des maîtres, le sous-équipement des locaux, l'écart école-résidence de l'élève et le faible coût privé de l'école sont fortement associés aux déperditions d'effectifs. L'analyse de régression multiple, de la fonction discriminante multiple et des tableaux ont conduit à ce constat que les variables individuelles, sociales et scolaires expliquent dans cet ordre d'importance et logique, les abandons et les redoublements des élèves dans l'enseignement. En raison de la diversité du Cameroun, des études semblables devront être entreprises dans d'autres milieux pour mieux asseoir ces conclusions. Les promoteurs des réformes scolaires doivent donc être suffisamment conscients des justes limites des ressources scolaires dans la réduction des déperditions. En même temps que des actions concrètes seront entreprises pour modifier les facteurs individuels et scolaires isolés, les disparités sociales devront être tempérées. En outre, le changement scolaire le plus efficace dans ce contexte est sans nul doute la promotion à l'école de la culture populaire notamment en privilégiant les langues et les valeurs du milieu. / Québec Université Laval, Bibliothèque 2015
Identifer | oai:union.ndltd.org:LAVAL/oai:corpus.ulaval.ca:20.500.11794/28881 |
Date | 25 April 2018 |
Creators | Tsafak, Gilbert |
Contributors | Bélanger, Pierre W |
Source Sets | Université Laval |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | thèse de doctorat, COAR1_1::Texte::Thèse::Thèse de doctorat |
Format | xxii, 277 f., application/pdf |
Coverage | Cameroun |
Rights | http://purl.org/coar/access_right/c_abf2 |
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