La recherche en santé génère des publications scientifiques de plus en plus nombreuses. Or cette production scientifique n'est pas systématiquement intégrée dans la santé publique. Chercheurs et décideurs politiques ont des fonctionnements et des contraintes qui ne facilitent pas naturellement les échanges et l'application des connaissances (AC) issues de la recherche dans les politiques de santé. Cette thèse porte sur cet écart entre recherche et politiques de santé et analyse les facteurs déterminants du succès ou de l'échec du transfert des connaissances entre recherche et politiques de santé au Cambodge. Le premier chapitre définit le processus d'application des connaissances (AC) et passe en revue les rares interventions d'AC rapportées dans la littérature. Cette revue montre que l'AC n'est pas un concept nouveau, même s'il demeure peu maîtrisé et peu développé. Dans ce chapitre, nous passons également en revue les outils utilisés pour modéliser des processus et des recherches en santé. Nous concluons que l'UML (langage unifié de modélisation) apparait comme le meilleur outil de modélisation disponible pour analyser le processus d'AC. Le deuxième chapitre décrit une intervention d'AC que nous avons mise en place, puis analyse son impact et les déterminants de son succès partiel, utilisant pour cela les outils UML. La plupart des barrières étaient liées soit à une désynchronisation entre la production de connaissances, soit à la prise de décisions politiques et au manque de connaissance mutuelle entre chercheurs et décideurs. Parmi les facteurs favorisants, on a relevé le rôle déterminant d'un acteur qui était à la fois ‘décideur' et chercheur, ainsi que les bénéfices liés à l'intervention vecteurs de communication entre chercheurs et décideurs. Le troisième chapitre analyse tout d'abord quantitativement et qualitativement la production scientifique de la recherche en santé au Cambodge et montre que cette production scientifique ne couvre qu'en partie les priorités de santé publique du Cambodge même si plus de 85% des articles publiés sur la santé au Cambodge étaient accessibles gratuitement. L'étude suivante permet d'identifier les principales sources d'information des décideurs politiques ayant contribué à la préparation de la première loi nationale de lutte contre l'antibio-résistance. Nous montrons que la littérature scientifique n'est pas, au Cambodge comme ailleurs, un média approprié pour communiquer avec des autorités sanitaires. Finalement, en dernier chapitre, nous intégrons les diverses conclusions des précédents chapitres dans l'analyse des déterminants de l'AC, en tirons un modèle générique UML (diagramme de classes), que nous vérifions ensuite sur quatre projets de recherche conduits également au Cambodge dont trois ont réussi leur transfert de connaissances. Ce modèle qui pourrait être utilisable au Cambodge ou dans d'autres pays à ressources limitées. Nous concluons que si les principes de l'AC peuvent se résumer en quelques règles, ils se heurtent à de nombreuses barrières lorsqu'ils sont déclinés opérationnellement. L'AC est un processus complexe, itératif, dynamique et très contexte-dépendant. Un certain nombre de barrières à l'AC identifiées au Cambodge sont strictement identiques à celles rencontrées en Occident. Parmi les facteurs favorisants de l'AC, nous montrons que le rapprochement entre chercheurs et institutions nationales ou provinciales de santé est un atout majeur. / Health research generates a growing body of scientific literature. However this scientific production is not systematically integrated into public health. Researchers and policy makers have operations and constraints that do not naturally facilitate exchanges and knowledge translation (KT) from research into health policy. This thesis focuses on the gap between research and health policy and analyzes the determinants of success or failure of KT between research and health policies in Cambodia.The first chapter defines the KT process and reviews the scarce KT interventions reported in the literature. This review shows that KT is not a new concept, even though it remains somewhat under applied. In this chapter, we also look at the tools used to model processes and health research. We conclude that the UML (unified modeling language) appears to be the best modeling tool available to analyze the KT process.The second chapter describes a KT intervention we implemented and subsequently analyzes its impact and the determinants of its partial success, using UML tools. Most of identified barriers were related to either a lack of synchronization between the production of knowledge and the health policy making, or to some lack of mutual understanding between researchers and policymakers. Among the contributing factors, we identified the key roles of an actor who was both policymaker and researcher, and of organizations which acted as communication vectors between researchers and policymakers.The third chapter first includes the quantitative and qualitative analysis of the health research scientific production in Cambodia. It shows that even though more than 85% of articles published were accessible free of charge they do not cover all public health priorities of Cambodia. The following study identifies the main sources of information for policy makers who contributed to the preparation of the first national health policy against antibiotic resistance. We show that, as elsewhere, the scientific literature is not an appropriate medium to communicate with the Cambodian health authorities.Finally in the last chapter we integrate the various findings from previous chapters into the analysis of the determinants of KT. From this analysis we draw a generic UML model (class diagram), that we test on four research projects also conducted in Cambodia. This model may be used in Cambodia or in other countries with limited resources.We conclude that if the principles of the CA can be summarized in a few simple rules, they face many barriers when they are operationally implemented. KT is a dynamic, complex , iterative, and highly context –dependent process. A number of barriers to KT identified in Cambodia are identical to those found in the West. Among the facilitating factors for KT, we show that the connection between research institutions and national or provincial health is a major asset.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2014MON20077 |
Date | 10 December 2014 |
Creators | Goyet, Sophie |
Contributors | Montpellier 2, Frutos, Roger, Barennes, Hubert |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French, English |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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