La structure des pôles espoirs se caractérise par l’hébergement d’une formation sportive de haut niveau au sein même de la formation scolaire. Si les travaux sur la formation d’un sportif d’élite sont nombreux, l’essentiel des études est focalisé sur la socialisation à la performance sportive indépendamment de la socialisation scolaire. La présente recherche vise à équilibrer le regard entre le travail scolaire et le travail sportif dans le cadre d’une approche interactionniste des mondes sociaux en référence aux travaux de Becker (1982) et Strauss (1988). Elle s’appuie sur une enquête ethnographique de plus de trois ans réalisée dans deux pôles espoirs (rugby et natation synchronisée) choisis pour leurs structures similaires (internat, implantation urbaine) et surtout leurs caractéristiques différenciées (marquage genré, cultures sportives contrastées). Elle est complétée par 18 entretiens de recherche approfondis auprès d’élèves-sportifs, entraîneurs, professeurs et médecins. Il s’agit d’étudier ce que font concrètement les acteurs pour articuler le monde sportif au monde scolaire. Le pôle espoir est ainsi appréhendé comme une organisation dynamique et négociée au sein de laquelle le monde du sport de haut niveau et le monde de l’école sont amenés à interagir, à s’entrecroiser, voire à se chevaucher. Faire l’hypothèse de l’existence de mondes différenciés au sein d’un pôle espoir permet de saisir au travers de heurts et de négociations des conceptions singulières des situations dans lesquelles les acteurs sont engagés. Outre les temps ordinaires, la recherche accorde une attention particulière aux temps d’épreuve : blessures, contre-performances sportives, difficultés scolaires. En suspendant le rapport à l’évidence, ces temps d’épreuve vont permettre de mettre en exergue les logiques habituellement à l’œuvre, de révéler les ajustements mis en place par les différents acteurs (professeurs, directeur d’établissement, entraîneurs, mais aussi élèves-sportifs). L’ordre au sein d’un pôle espoir n’est pas seulement déterminé par les rôles dévolus à chacun et les règles qui les encadrent, mais par des interactions complexes, des négociations, des types de figuration (Goffman, 2003) des acteurs. La thèse donne accès à une représentation moins mécaniste et plus dynamique du fonctionnement des pôles espoirs, et met en lumière les investissements et négociations par lesquels s’instaure un déséquilibre au profit des activités sportives, que ce soit dans les temps ordinaires, comme dans les temps d’épreuve. L’approche en termes de mondes sociaux conduit à prendre en compte le travail de la famille et à introduire le monde de la santé pour comprendre l’articulation des activités étudiées. Par leur circulation entre les mondes et les différents types de figuration auxquelles ils sont contraints, les jeunes élèves-sportifs, s’avèrent des acteurs majeurs dans l’articulation des activités scolaires et sportives. Enfin les perspectives professionnelles et les systèmes de valeurs des disciplines sportives entraînent des ajustements différents auxquels l’étude approfondie des deux cas permet d’accéder. / The structure of the « pôle espoir » is characterized by hosting a training of elite sport within school education. There are many researches about the formation of an elite athlete, but most of the studies are focused on the socialization to athletic performance regardless of school socialization. This research aims to balance the look between school work and sports work as part of an interactionist approach of the social worlds in reference to the work of Becker (1982) and Strauss (1988). It relies on an ethnographic survey of more than three years, conducted in two “pôles espoirs” (rugby and synchronized swimming) chosen for their similar structures (boarding school, urban settlement) and especially their differentiated characteristics (gendered marking, contrasting sports cultures). It is supplemented by 18 in-depth research interviews with students-athletes, coaches, teachers and doctors. We want to study what the actors actually do to articulate the sport world and the school world. The “pôle espoir” is understood as a dynamic and negotiated organization in which the world of elite sport and the school world interact, intersect and even overlap. We make the hypothesis that there are differentiated worlds in a “pôle espoir”, it allow us to capture, through clashes and negotiations, singular designs of the situations in which actors are engaged. In addition to ordinary time, the research pays particular attention to the time of trial: injuries, poor performances, academic difficulties. These times of trial help to highlight the usual logic and reveal the adjustments implemented by the different actors (teachers, school director, coaches, but also students-athletes). The social order in a “pôle espoir” is not only determined by gender roles and the rules governing them, but by complex interactions, negotiations, types of figuration (Goffman, 2003). The thesis shows a representation less mechanistic and more dynamic of “pôles espoirs”. It highlights the investments and negotiations that create an imbalance in favour of the sport world, in ordinary times, as well as in time of trial. The social worlds approach allows us to take into account the work of the family and introduce the world of health to understand the articulation of the activities. By their movement between the worlds and the different types of representation to which they are forced, young students-athletes are major players in the articulation between school and sports activities. The career prospects and values of sports systems result in different adjustments.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2016LYSE2106 |
Date | 15 November 2016 |
Creators | Guyot, Jessica |
Contributors | Lyon, Perrin, Claire, Combaz, Gilles, Boutroy, Éric |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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