L'Esprit Saint entre dans le champ de la réflexion théologique à la fin du XIe siècle. L'explicitation de son mode de procession fait débat : de Pierre Lombard, qui identifie l'Esprit et la charité humaine aux théologiens scolastiques qui réduisent la spiration à un mouvement ineffable interne à la Trinité. Les réformateurs grégoriens emploient la référence à l'Esprit pour affirmer l'autonomie de l’Église à l'égard du monde comme une théonomie. Chez Urbain II, cette conception se traduit par le soutien apporté aux mouvements apostoliques comme œuvres de l'Esprit. Les mouvements apostoliques décrivent alors l'histoire comme un progrès dans la réforme de l’Église accompli par des hommes spirituels. Cette conception se révèle cependant incompatible avec la bureaucratisation de l'appareil ecclésiastique qui conçoit l'homme spirituel comme un conseiller détaché du monde et non un modèle pour la hiérarchie épiscopale. Certains envisagent alors les laïcs comme de possibles réformateurs mais la proposition qui s'impose est que l'aumône est la seule manière pour les laïcs d'être inspirés par l'Esprit. Ainsi apparaissent des organes laïcs d'assistance placés sous la titulature du Saint-Esprit. Cette appropriation laïque fonde le modèle d'une « notabilité apostolique » et la laïcisation progressive des œuvres de charité. Cette référence laïque décline au XIVe siècle, en lien avec un processus de confiscation de l'Esprit par une Église centralisée : l'Esprit est intégrée au fonctionnement bureaucratique de l'institution. Ce mouvement, qui se retrouve dans le champ scolastique, permet de comprendre les références dissidentes à l'Esprit comme autant de résistances à cette confiscation. / Social history can be linked to theology and ecclesiology by studying how the rules of speech induce social regularities. The Holy Spirit becomes a subject of theological reflection in the end of the eleventh century. There is a debate around the explanation of its procession: from Pierre Lombas, who identifies the Spirit to human charity, to the scholastic theologians for whom spiration is only an unspeakable process within the trinity itself. Gregorian reformers use the reference to the Spirit to explain the Church’s autonomy as a theonomy. For Urban II, this notion allows the support to apostolic movements as works of the Spirit. Those movements then describe history as a progress in the Church’s reform, carried out by spiritual men. However, this notion reveals itself conflicting with the bureaucratization of the ecclesiastic apparel which sees the spiritual man as a counsellor detached from the world and not as a model for episcopal hierarchy.Laymen are then considered by some as possible reformers but the most shared view is that alms are the only way for laymen to be inspired by the Spirit. That’s how lay charities are born and named after the Holy Spirit. This appropriation by the laymen forms the basis of an “apostolic notability” and the progressive secularization of charities. In the fourteenth century, this secular reference declines in relation with a process in which a centralized Church seizes the Spirit and integrates it to the bureaucratic organization of the institution. This movement, which can also be found in the scholastic field, offers a new understanding of dissident references to the Spirit as ways of resisting this seizing.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2016PA100037 |
Date | 11 April 2016 |
Creators | Fontbonne, Alexis |
Contributors | Paris 10, Vincent, Catherine |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
Page generated in 0.0024 seconds