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Processus et dynamiques géomorphologiques des marais intertidaux du Saint-Laurent : pour une approche multifactorielle aux trajectoires non linéaires

L'estuaire du Saint-Laurent, l'un des plus importants au monde, présente une combinaison peu commune de caractéristiques géomorphologiques. Cette singularité complexifie l'étude des processus qui façonnent les divers systèmes côtiers de l'estuaire. Face à cette complexité, cette thèse vise à contribuer à la science de la géomorphologie littorale de l'estuaire du Saint-Laurent en utilisant les marais intertidaux comme objet pour comprendre les processus géomorphologiques fondamentaux qui mènent à leur émergence, évolution, dégradation et renouvellement à diverses échelles spatio-temporelles. L'originalité de cette étude réside dans l'identification des composantes multifactorielles des processus, liées aux forces astronomiques, géologiques, météorologiques, biologiques et anthropiques d'origine essentiellement extrinsèque, et comment elles sont intégrées dans les interactions et rétroactions intrinsèques aux systèmes intertidaux. Bien que cette complexité soit reconnue en géomorphologie côtière, les concepts clés de seuil, d'échelle et de rétroaction sont rarement réunis en raison des difficultés d'intégration des processus multifactoriels dans les modèles fonctionnels. En conséquence, les systèmes côtiers tels que les marais intertidaux sont souvent simplifiés et présentés comme des environnements homogènes dont la dynamique est principalement déterminée par des processus extrinsèques et linéaires. Ce problème occulte la variance processus/réponse, qui est plus souvent la règle que l'exception. Le problème de la variance dans la morphologie des marais intertidaux, reconnu par les écoles de pensées européennes, constitue la problématique de cette étude, notamment à travers les concepts d'évolution asymptotique et d'autocyclicité. La recherche vise à déterminer si les marais intertidaux du Saint-Laurent se sont formés de façon linéaire comme le présente la littérature actuelle, ou si leur morphologie répond à des seuils, des interactions et des rétroactions qui varient dans l'espace et le temps. L'hypothèse est que les marais intertidaux de l'estuaire du Saint-Laurent, qui apparaissent comme des formes permanentes et homogènes, sont en fait en continuel rééquilibrage. Ils ont été et sont encore soumis à des cycles ou alternent des phases d'expansion et de contraction, d'intensité variable dans l'espace et le temps. Alors que la plupart des études sur la morphologie des marais intertidaux sont réalisées sur une seule saison et sur un seul site d'étude, cette étude privilégie une approche comparative multi-locale et pluriannuelle afin de saisir la diversité des conditions géomorphologiques et la variance interannuelle. Quatre sites d'étude ont été sélectionnés dans la zone de turbidité maximale de l'estuaire du Saint-Laurent où se trouve la majorité des marais intertidaux. Des mesures volumétriques ont été effectuées sur une période de 3 à 4 ans à l'aide d'une barre de sédimentation/érosion et la turbidité mesurée afin de documenter la dynamique sédimentaire actuelle. Les trajectoires évolutives à long terme ont été documentées par l'analyse de la stratigraphie du marais supérieur ainsi que par l'analyse multidate de photographies aériennes, de cartes historiques et d'images iconographiques. Les résultats de cette thèse révèlent des réponses géomorphologiques dans l'estuaire du Saint-Laurent qui diffèrent significativement de celles décrites dans la littérature. L'évolution de la morphologie des systèmes de marais intertidaux est clairement non-linéaire, cyclique, asynchrone et spécifique au site. Une telle complexité, jusqu'ici peu reconnue, brouille la compréhension de leur dynamique et suggère une évolution principalement dirigée par des facteurs autogènes, ce qui représente un défi de modélisation pour la prévisibilité future. / The St. Lawrence Estuary, one of the most important in the world, presents a combination of geomorphic features rarely seen elsewhere. This intricacy complexifies the study of the processes that shape the diverse coastal systems of the estuary, such as beaches, and intertidal marshes. Given such complexity, this thesis aims to contribute to the science of littoral geomorphology in the St. Lawrence Estuary by using the tidal marshes as a subject for understanding the fundamental geomorphological processes leading to their emergence, evolution, degradation, and rejuvenation at various spatiotemporal scales. The originality of this study lies in the identification of the multifactorial components of these processes, linked to geological, astronomical, meteorological, biological, and anthropogenic forces essentially extrinsic in origin, and how they are conditioned by interaction and feedbacks of intrinsic origin. While this complexity is recognized in coastal geomorphology, the key concepts of threshold, scale, and feedback are rarely brought together due to the difficulties of integrating multifactorial processes into functional models. As a result, coastal systems such as intertidal marshes are often simplified and presented as homogeneous environments whose dynamics are primarily driven by extrinsic, linear processes. This problem obscures the processes/response variance, which is more often the rule than the exception. The problem of variance in tidal marsh morphology, recognized by European schools of thought, constitutes the problematic of this study, especially the concepts of asymptotic evolution and marsh autocyclicity. This research questions if the intertidal marshes of the St. Lawrence formed in linear fashion as presented in the current literature, or if they responded to thresholds, interactions, and feedbacks varying across space and time. The hypothesis is that the intertidal marshes of the St. Lawrence Estuary, which appear as permanent and homogeneous forms, are in fact unique and self-reorganizing. They were and continue to be subject to cycles or alternating phases of expansion and contraction at various intensities across space and time. While most studies of the morphology of intertidal marshes are conducted over a single season at one study site, this study favors a comparative multi-location and multi-year approach to capture the diversity of geomorphic conditions and interannual variance. Four study sites were selected in the maximum turbidity zone of the St. Lawrence Estuary where most intertidal marshes are located. Volumetric measurements were made over a 3- to 4-year period using a sedimentation/erosion bar and turbidity measured to document current sediment dynamics. Long-term evolutionary trajectories were documented by analysis of the sedimentary record from the upper marsh stratigraphy as well as by use of time-lapse analysis of aerial photographs, historical maps, and iconographic images. The results of this thesis reveal geomorphic responses in the St. Lawrence Estuary that differ significantly from those usually described in the existing regional literature. The evolution of the morphology of the intertidal marsh systems is clearly non-linear, cyclical, asynchronous, and site-specific. Such heretofore unrecognized complexity blurs the understanding of their fundamental dynamics and has led previous authors to suggest an evolution primarily driven by autogenous factors, making a challenge for modelling their predictable future evolution.

Identiferoai:union.ndltd.org:LAVAL/oai:corpus.ulaval.ca:20.500.11794/111723
Date05 March 2023
CreatorsCayer, Donald
ContributorsHatvany, Matthew George, Allard, Michel
Source SetsUniversité Laval
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeCOAR1_1::Texte::Thèse::Thèse de doctorat
Format1 ressource en ligne (xv, 166 pages), application/pdf
CoverageQuébec (Province) Saint-Laurent, Estuaire du.
Rightshttp://purl.org/coar/access_right/c_abf2

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