L'expression du mouvement fait l'objet d'un nombre croissant d'études centrées sur le domaine de l'espace. Néanmoins, peu de travaux ont examiné comment ce domaine interagit avec celui de la temporalité, notamment pendant l'acquisition du langage. La thèse aborde deux questions de recherche : comment la spatialité et la temporalité sont imbriquées dans le discours ; l'incidence des propriétés spécifiques des langues dans ces phénomènes et dans le processus d'acquisition d'une langue étrangère. L'analyse tient compte des différences typologiques entre deux langues, l'anglais et le français, dans le domaine de la spatialité, notamment leur appartenance à deux groupes (langues à cadrage satellitaire vs. verbal). Par ailleurs, la thèse teste plusieurs hypothèses concernant l'émergence de la morphologie verbale temporo-aspectuelle pendant l'acquisition L2. L'analyse porte sur des productions recueillies auprès d'adultes anglophones apprenants du français, comparées à celles de natifs des deux langues, dans deux tâches centrées sur l'expression du mouvement provoqué et volontaire. Conformément aux propriétés typologiques des langues en présence, les locuteurs de l'anglais expriment très systématiquement la cause et différents types de manière dans le verbe, encodant la trajectoire dans la constellation du verbe principal, qui devient souvent le centre sémantique de l'expression de bornes temporelles, notamment à travers les particules spatiales. Les locuteurs du français montrent des variations importantes dans l'expression des différentes composantes du mouvement provoqué, qu'ils situent soit dans le verbe principal, soit dans sa constellation, variations qui sont en grande partie liées à la contrainte d'expression des bornes temporelles dans le verbe, typique des langues à cadrage verbal. Comme les natifs anglophones, les apprenants encodent cause et manière dans le verbe, rencontrant des difficultés pour exprimer la trajectoire, qu'ils tentent d'abord d'exprimer par des localisations. Ils parviennent le plus souvent à borner les événements au moyen de la morphologie temporo-aspectuelle au premier niveau de compétence. Avec le développement de la L2, ils n'intègrent que très graduellement les schémas lexicaux et grammaticaux de la langue cible. Enfin, les résultats montrent que le contexte discursif joue un rôle important dans le choix de la morphologie verbale par les apprenants et les locuteurs monolingues. Ils montrent également comment les apprenants intègrent partiellement les marqueurs spatiaux et temporo-aspectuels pour exprimer le mouvement dans le discours.
Identifer | oai:union.ndltd.org:CCSD/oai:tel.archives-ouvertes.fr:tel-00979047 |
Date | 12 March 2013 |
Creators | Demagny, Annie-Claude |
Publisher | Université Paris VIII Vincennes-Saint Denis |
Source Sets | CCSD theses-EN-ligne, France |
Language | fra |
Detected Language | French |
Type | PhD thesis |
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